PARIS, 22 septembre (Reuters) - Le Conseil d'orientation des retraites (COR) a publié jeudi dernier son rapport annuel sur l'état des finances du système des retraites, mettant en avant une trajectoire contenue des dépenses sur le long terme mais incompatible avec les objectifs de maîtrise des dépenses publiques fixées par le gouvernement.

En voici les principaux enseignements : * LA PART DES DEPENSES DES RETRAITES DANS LE PIB CONTENUE

A court terme, la part des dépenses des retraites rapportée au PIB reste stable, à 13,9% en 2027 contre 13,8% en 2021.

A l'horizon 2070, malgré le vieillissement progressif de la population, cette part serait stable ou en diminution, sauf en cas de croissance dégradée.

Cela s'explique par le recul progressif de l'âge de départ à la retraite du fait des réformes passées et la moindre augmentation du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs. Les pensions de retraite étant indexées sur les prix, elles évoluent moins vite que les salaires.

Les dépenses des retraites représenteraient 12,1% du PIB dans le scénario le plus favorable et 14,7% du PIB dans le scénario le plus défavorable.

La France était en 2017 le pays de l'OCDE qui consacrait le plus de richesses à ses dépenses de retraite, après l'Italie.

* UN SOLDE NEGATIF POUR LES 25 PROCHAINES ANNEES

Le régime a renoué avec l'équilibre en 2021, en raison du rebond de l'activité après la crise sanitaire.

Il devrait connaître un nouvel excédent en 2022 (de l'ordre de 3,2 milliards d'euros, soit 0,1% du PIB) avant de se dégrader dès 2023 et de rester déficitaire en moyenne sur les 25 prochaines années.

Le déficit pourrait atteindre 0,4% du PIB en 2027 soit 10 milliards d'euros, selon le mode de calcul le moins avantageux.

* LES OBJECTIFS DU GOUVERNEMENT INCOMPATIBLES AVEC LA TRAJECTOIRE DES RETRAITES

Le gouvernement s'est donné pour cible de ramener le déficit public sous le seuil de 3% en 2027, soit le seuil d'alerte que les pays de l'Union européenne se sont engagés à ne pas dépasser. Il est aujourd'hui de 5%.

Pour tenir ces objectifs, la croissance des dépenses publiques devrait être limitée à 0,6 % en volume entre 2022 et 2027. Or les dépenses de retraite, qui représentent le quart de ces dépenses publiques, progresseraient sur la période de 1,8 % en termes réels.

Il faudrait donc que les autres dépenses de l'Etat (santé, éducation, justice, sécurité, subvention à l'économie, etc.) se limitent à une augmentation de 0,2% par an, a précisé lors d'une conférence de presse le président du COR, Pierre-Louis Bras, qui juge ce scénario peu envisageable.

* DES PRÉVISIONS 2027 À 2032 NON FIABLES

Le rapport fait état d'une très forte augmentation de la part des dépenses de retraite dans le PIB entre 2027 et 2032. Mais ces résultats ne sont pas réalistes, alerte le COR, et ne pourraient être utilisés pour justifier d'une réforme du système. Il s'agit d'un mécanisme d'ajustement statistique lié à une réestimation du taux de chômage.

Le gouvernement a ramené très récemment ses prévisions de taux de chômage à 5% entre 2022 et 2027. Or le COR a conservé des prévisions long terme de taux de chômage à 7%. Il y a donc, dans le modèle de prévision, une dégradation fictive de la croissance de 2027 à 2032, que rien ne saurait justifier.

Le COR sera probablement amené à réviser son hypothèse de taux de chômage de long terme dans ses prochains rapports pour être plus en phase avec les prévisions du gouvernement. (Reportage Caroline Pailliez, édité par Sophie LOuet)