(Actualisé avec retournement de tendance après nouveaux dépouillements)

par Alexandra Alper et Zach Dyer

SAN JOSÉ, 3 février (Reuters) - Luis Guillermo Solis, ancien diplomate classé au centre gauche, a pris la tête tard dimanche soir du premier tour de l'élection présidentielle au Costa Rica, devançant le candidat du Parti de libération nationale (PLN, centre) au pouvoir, Johnny Araya.

Solis, que les premiers résultats officiels donnaient à la deuxième place, émerge en tête après dépouillement dans près des trois quarts des bureaux de vote.

Nouveau venu sur la scène politique au centre-gauche, le candidat d'Action citoyenne est désormais crédité de 30,8% des voix contre 29,7% pour l'ancien maire de la capitale, San José, âgé de 56 ans.

Le jeune député de gauche José Maria Villata, du Frente Amplio (Front ample, FA), est troisième avec 17%.

Si les reports de voix fonctionnent à gauche, le second tour prévu le 6 avril pourrait sonner l'heure de l'alternance au Costa Rica.

"De la côte atlantique à la côte pacifique, la vague qui se lève est devenue un grand tsunami qui a balayé à jamais les politiques traditionnelles", a lancé Solis, qui abordait cette élection en parfait outsider.

"L'heure du Costa Rica a sonné", a-t-il dit à ses partisans.

Ancien haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, Solis a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption, sur la mise en oeuvre d'une politique d'infrastructures et sur une réforme de l'instance chargée de gérer la couverture maladie universelle.

Treize candidats au total briguaient la succession de Laura Chinchilla, devenu en 2010 la première femme élue à la présidence du Costa Rica.

L'élection se jouait sur fond de ressentiment d'une partie de la population face aux affaires de corruption et à la montée des inégalités.

"Il y a des erreurs à corriger et nous les corrigerons", avait promis Araya lors de son ultime meeting électoral, s'efforçant de se démarquer de Laura Chinchilla, dont la fin de mandat a été émaillée de scandales.

Mais Araya lui-même fait l'objet d'une enquête pour des faits présumés d'abus de pouvoir et détournement de fonds remontant à l'époque où il était maire de San José.

Dimanche soir tard, lorsqu'il a été détrôné par Solis en tête des suffrages, il a joué la carte de la stabilité, affirmant que sa candidature était celle de la sécurité et de la responsabilité "pour préserver la stabilité politique, économique et sociale du Costa Rica".

Longtemps considéré comme un havre de stabilité en Amérique centrale, le Costa Rica est désormais aux prises avec de graves difficultés économiques. La dette publique s'est alourdie à 50% du PIB, le chômage est en progression constante et en dépit d'une croissance annuelle de l'ordre de 4,3% depuis l'an 2000, la pauvreté frappe 20% environ de la population. (Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)