En 2009, la principale inconnue pour l'économie chinoise sera l'ampleur du ralentissement attendu dans le sillage de la baisse des échanges commerciaux internationaux, et ses retombées sur la cohésion sociale du pays.

CROISSANCE: LA BARRE DES 8%

Après avoir dépassé 10% pendant cinq années consécutives, la croissance chinoise a ralenti à 9% sur l'ensemble de l'année 2008, son plus bas niveau depuis sept ans.

Pékin avait auparavant révisé à la hausse son taux de croissance pour 2007, à 13,0% contre 11,9%, sa meilleure performance depuis 1993. Ce nouveau taux signifie que la Chine serait devenue la troisième économique mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB) devant l'Allemagne et derrière les États-Unis et le Japon.

Cette croissance plus forte que prévu en 2007 risque toutefois d'accentuer davantage encore le contraste avec le ralentissement anticipé en 2008.

Une poursuite du ralentissement est prévisible en 2009 et la principale question reste de savoir si la croissance tombera sous la barre symbolique des 8%. Les autorités chinoises estimaient jusqu'ici que le pays avait absolument besoin de croître au moins à ce rythme afin de maintenir un taux d'emploi suffisant pour désamorcer les tensions sociales.

DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS PLUS SÉLECTIFS

Depuis l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) fin 2001, les investissements des entreprises étrangères n'ont cessé d'augmenter au fil des délocalisations ou de la création d'activités centrées sur le marché intérieur chinois, mais le mouvement s'est essoufflé ces derniers mois.

Malgré cela, la Chine a encore capté un record de 92,4 milliards de dollars d'investissements directs étrangers (FDI) en 2008, près de 25% de plus qu'en 2007, signe que le potentiel de croissance intérieure de la Chine continue de séduire les groupes étrangers, même s'ils semblent maintenant hésiter davantage à investir dans les entreprises chinoises spécialisées dans l'export.

COUP D'ARRÊT À LA HAUSSE DU YUAN

Les inconnues planant sur l'économie chinoise en 2009 n'inciteront pas Pékin à laisser filer le yuan aussi vite que les partenaires commerciaux de la Chine le souhaiteraient.

Pour nombre d'entre eux, la devise chinoise est toujours très sous-évaluée, ce qui donne un avantage compétitif artificiel au "Made in China".

Le yuan s'est apprécié de 7% face au dollar en 2008, un gain surtout réalisé pendant la première moitié de l'année. Le rebond du billet vert et les autorités chinoises ont ensuite freiné le mouvement.

BULLE BOURSIÈRE

La Bourse de Shanghai a accusé l'an dernier une chute record de 65%, la plus forte des principales places mondiales, avec l'éclatement de la bulle qui s'était constituée après plusieurs années de croissance économique à deux chiffres. L'indice avait pris 130% en 2006 puis 97% en 2007.

Pour 2009, certains observateurs s'attendent à ce que la correction s'arrête d'ici l'été grâce aux anticipations de redémarrage de l'économie. La Bourse de Shanghai a d'ores et déjà terminé vendredi à un plus haut de trois semaines dans l'espoir d'une extension des plans de relance de l'économie chinoise.

DEUX DATES SENSIBLES

L'année 2008 aura été marquée par des tensions diplomatiques accrues sur la question tibétaine et des menaces de boycott, notamment de produits français. L'agenda 2009 fait également apparaître deux anniversaires sensibles pour le pouvoir chinois, avec dès mars les 50 ans de la fuite du dalaï-lama après l'insurrection de 1959 au Tibet, puis en juin les 20 ans de la répression des manifestations de la place Tienanmen.

DURCISSEMENT DES RELATIONS COMMERCIALES

La Chine risque d'être confrontée à d'autres contentieux avec ses partenaires commerciaux, l'OMC ayant confirmé en décembre une décision défavorable à Pékin dans un contentieux sur les droits qu'elle impose sur les pièces détachées automobiles.

Ce type de dossier pourrait devenir plus fréquent, la récession et la hausse du chômage qui l'accompagne étant susceptibles de durcir les positions politiques dans les pays industrialisés.

La décision de décembre a confirmé le premier revers subi par la Chine depuis son adhésion à l'OMC en 2001. Les États-Unis, le Canada et l'Union européenne estimaient que le régime d'importation chinois n'était pas équitable pour les fournisseurs étrangers puisque les droits sur les pièces importés avaient été relevés pour favoriser la fabrication de composants sur place.

MARS EN OCTOBRE

La Chine, soucieuse de s'affirmer comme une puissance spatiale, va s'associer à la Russie afin de lancer en octobre deux sondes en direction de Mars et de l'un de ses deux petits satellites.

Devenue en 2003 le troisième pays à envoyer un homme dans l'espace avec sa propre fusée, après l'Union soviétique et les États-Unis, la Chine a depuis lancé deux autres missions habitées et prévoit d'expédier un rover sur la Lune en 2012, et a programmé pour 2020 une mission habitée sur le satellite terrestre, ainsi que la mise en orbite d'une station spatiale.