Rémy Cointreau a vu ses ventes chuter de 18,9% à changes constants au troisième trimestre de son exercice décalé, plombées par une chute des ventes de Rémy Martin qui a atteint 32% à taux constants, très en deçà des attentes des analystes (-12% en moyenne) après un recul de 8,2% au deuxième trimestre et de 13% au premier.

Le recul de ses ventes de cognac en Chine - sous l'effet des mesures de Pékin visant à éradiquer la consommation ostentatoire - avait contraint le groupe au profit warning en novembre, avec une baisse anticipée de plus de 20% de son résultat opérationnel 2013-2014.

Mardi, le directeur financier du numéro deux français des spiritueux derrière Pernod Ricard a réaffirmé cette prévision, sans vouloir être plus précis.

Luca Marotta a surtout rassuré le marché en indiquant que les ventes de Rémy Martin étaient redevenues positives dans les bars et karaoké chinois entre octobre et décembre - tandis qu'elles restent très mal orientées dans les restaurants et lors des banquets - et en disant tabler sur un retour à une croissance des ventes de cognac en Chine lors du prochain exercice, qui commencera en avril.

"On s'attend à une reprise, comprise entre 5% et 10%", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique, entraînant un violent rebond du titre en Bourse, dopé par de massifs rachats de découverts aux dires des traders.

L'action Rémy Cointreau, qui avait perdu près de la moitié de sa valeur en 12 mois et cédé jusqu'à 4,4% en début de séance, s'offrait à 13h un rebond de 2% à 58,29 euros, qui profitait aussi à Pernod Ricard (+2,13%) dans un marché en hausse de 0,35%.

RACHATS D'ACTIONS

Alors que certains spécialistes du secteur s'interrogent sur une possible diversification permettant à Rémy Cointreau d'être moins dépendant de ses ventes de cognac en Chine, le groupe a clairement énoncé qu'il maintenait le cap dans la tempête.

"Nous gardons notre sang-froid. Les fondamentaux stratégiques du groupe restent intacts", a tenu à souligner Luca Marotta, rappelant que Rémy Cointreau se plaçait dans une optique de long terme et que, dans cette perspective, il continuait d'augmenter ses dépenses publi-promotionnelles sur le marché chinois.

"Nous regardons à 5 ou 10 ans, voire encore plus loin", a-t-il ajouté.

Gorgé de cash, Rémy Cointreau préfère procéder à des rachats de titres. A fin décembre, il avait racheté environ 2% de son capital.

Luca Marotta a également précisé que Rémy n'entendait pas céder aux pressions de ses concurrents, qui procèdent à des ajustements de prix sur le marché chinois, et qu'il ne comptait absolument pas investir le segment des eau-de-vie dites "VS", les plus jeunes et les moins chères.

A plus court terme, les perspectives ne sont guère encourageantes en Chine. La politique de moralisation des pratiques ne faiblit pas, bien au contraire.

"Après avoir surtout touché les très grandes villes, elle s'étend aux provinces", a indiqué le directeur financier.

Rémy Cointreau anticipe une nouvelle chute de ses ventes en Chine au quatrième trimestre, qui pourrait cependant être "un peu inférieure aux 32% du troisième".

Le chiffre d'affaires du groupe est ressorti à 287,6 millions d'euros sur le trimestre allant d'octobre à décembre 2013 et à 845,7 millions d'euros sur neuf mois, en recul de 9,4% à taux de change constants.

Le pôle liqueurs (Cointreau, Mount Gay) est quant à lui resté stable (+0,1%) sur le trimestre.

Avec Blaise Robinson, édité par Dominique Rodriguez

par Pascale Denis