Après une chute de 11% entre le point haut de la mi-janvier et le point bas du 5 février, l'indice MSCI a regagné 4% en sept séances porté par des indicateurs avancés aux Etats-Unis confortant la poursuite de la reprise.

L'indice d'activité "Empire State" de la Réserve fédérale de New York pour le mois de février publié mardi a bondi 24,91 contre 15,92 en janvier et des attentes des économistes dans une fourchette de 17 à 18.

Un premier signal de retournement avait été donné le 1er février par un indice ISM manufacturier aux Etats-Unis pour le mois de janvier nettement au-dessus des attentes à 58,4, un niveau compatible avec un rythme de croissance annualisé de 4%, selon la banque Leonardo.

A contrario, une succession de nouvelles macroéconomiques décevantes aux Etats-Unis (destructions d'emplois, ventes au détail, rechute de l'immobilier...) et en Europe (tassement des indices PMI...) début janvier avaient déclenché la correction boursière.

Le resserrement de la politique monétaire chinoise et ses conséquences sur la croissance du pays ont pu être mis en avant pour expliquer la chute des actions. Cette "réaction négative du marché relève d'un réflexe traditionnel de court terme face à la normalisation monétaire, dans une économie qui reste en forte croissance", estime toutefois les analystes de BNP Paribas Asset Management.

"Au cours des cycles passés, la croissance économique a constamment été un moteur plus puissant que les taux courts pour déterminer la direction du marché actions : quand l'économie est en croissance soutenue, la normalisation de la politique monétaire ne fait qu'entraver temporairement la hausse des actions, et à l'inverse en cas de retournement économique, la baisse des taux courts ne parvient pas à empêcher la baisse du marché boursier", rappellent-ils.

PAS DE CONTAMINATION DU PRIVÉ PAR LE PUBLIC

Les inquiétudes sur les dettes souveraines, au premier rang desquelles celle de la Grèce, ont aussi été invoquées pour expliquer le brusque recul des marchés actions.

Toutefois l'appétence pour le risque privé n'a pratiquement pas été contaminée par la montée du risque public comme l'illustre en Europe l'évolution comparée d'un indice synthétique des dérivés de crédit sur la dette souveraine des pays d'Europe du Sud (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) et un indice de dérivés de crédit sur les entreprises. Pour le graphique correspondant :

Enfin, les pressions politiques sur les banques aux Etats-Unis, le président Barack Obama affirmant vouloir limiter la taille des banques et leurs activités de marché, ont fait figure d'accusé dans la baisse des actions.

La performance boursière des banques américaines a toutefois bien résisté aux annonces du président des Etats-Unis et plus que celles des banques européennes qui s'étaient mieux comportées dans la phase de hausse régulière des bourses entamée en octobre 2009.

"Malgré la nécessité pour l'administration américaine d'envoyer des signaux politiques à l'opinion publique, il est peu probable qu'elle aille jusqu'à affaiblir rapidement le secteur qui contrôle la distribution de crédit, alors que la reprise économique reste fragile", relèvent les analystes de BNP Paribas Asset Management.

Des indicateurs rassurants sur l'économie américaine semblent avoir eu raison, pour l'heure, de ces facteurs de risque pour des marchés actions qui restent portés par les perspectives d'accélération de la croissance mondiale en 2010, le rebond des profits des entreprises et les très faibles rendements offerts par le cash et dans une moindre mesure l'obligataire.

Marc Joanny