par Dominic Evans

BEYROUTH, 11 octobre (Reuters) - L'aviation syrienne a bombardé vendredi des zones tenues par les rebelles à proximité d'une des principaux sites du programme militaire chimique.

Le bombardement, qui survient le jour où le prix Nobel de la paix a été attribué à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), illustre les dangers auxquels sont exposés ses inspecteurs.

Les experts de l'OIAC doivent visiter une vingtaine de sites en Syrie, en pleine guerre civile, pour surveiller et vérifier la destruction du millier de tonnes d'agents et précurseurs chimiques que détiendrait le régime de Bachar al Assad.

Le raid aérien a frappé la ville de Safira, en bordure d'un vaste complexe militaire où se trouveraient des chaînes de production d'armes chimiques.

L'aviation est intervenue après des affrontements durant la nuit précédente entre des rebelles syriens et des éléments des forces régulières, rapportent des opposants.

L'armée syrienne, qui a mobilisé d'importants moyens pour conserver le contrôle du complexe militaire de Safira, tente à présent de reprendre la ville tenue par les rebelles, dont des brigades islamistes du Front al Nosra et de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à Al Qaïda.

Tant que les combats se poursuivront, les experts de l'OIAC ne pourront se rendre sur le site de Safira.

Mercredi, le directeur général de l'OIAC, Ahmet Uzumcu, a réclamé des cessez-le-feu temporaires pour permettre à ses inspecteurs d'opérer en toute sécurité.

"Pour le moment, avec ces combats et ces frappes aériennes, ce serait impossible, d'autant plus qu'il y a une forte présence de l'Etat islamiste et du Front al Nosra, qui ne croient pas en une entité nommée communauté internationale", a souligné Rami Abdulrahman, de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche de l'opposition.

Dans un communiqué diffusé vendredi, l'OIAC et les Nations unies ont estimé que la mission avait réalisé de "nets progrès" sur la vérification des informations communiquées par la Syrie sur ses armes chimiques.

La difficulté qui se pose à présent est l'accès à des sites sur les lignes de front ou dont les rebelles contrôlent l'accès.

"Les signes émis par la mission commune (d'inspection) tendent à montrer que le gouvernement assume ses responsabilités", note un diplomate occidental en poste au Moyen-Orient. "Quelles que soient les divisions de l'opposition, il serait très mauvais que le gouvernement semble coopérer pleinement mais que les inspections soient bloquées du fait de problèmes avec l'opposition", ajoute-t-il. (Dominic Evans, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)