par Aaron Ross

KINSHASA, 21 août (Reuters) - L'alliance des partis d'opposition a annoncé samedi son refus d'ouvrir des discussions avec le président Joseph Kabila au sujet de l'élection présidentielle qui devait se tenir en novembre avant d'être reportée et appelle à une grève générale pour mardi.

L'opposition veut que Joseph Kabila se retire après 15 années au pouvoir, conformément à la Constitution, mais les autorités ont fait savoir que le scrutin ne pourrait avoir lieu avant juillet prochain au minimum. Joseph Kabila a été autorisé par la justice à rester au pouvoir jusqu'à la tenue des élections.

Avec cet appel à la grève diffusé sur son site internet, l'opposition monte le ton de façon significative. En janvier 2015, une quarantaine de manifestants sont morts dans des manifestations contre le gouvernement sur cette question.

C'est aussi un revers pour le médiateur de l'Union africaine, Edem Kodjo, qui avait auparavant estimé que la voie était désormais libre pour que les discussions entre tous les partis commencent mardi dans le but de trouver un accord électoral.

L'opposition accuse Edem Kodjo d'être du côté du gouvernement et lui demande de démissionner.

Joseph Kabila est arrivé au pouvoir à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, en 2001, puis a gagné sa première élection en 2006. La Constitution limite le maintien au pouvoir d'un président à deux mandats de cinq ans. La République démocratique du Congo (RDC), en proie à la violence des milices dans l'Est, n'a pas connu de changement pacifique de gouvernement depuis l'indépendance en 1960.

RESTER AU POUVOIR

La mise à jour des listes électorales ne sera pas achevée avant juillet 2017, a annoncé samedi la commission électorale. Il faudra 16 mois pour mener à bien l'enregistrement des quelque 30 millions d'électeurs, entamé en mars, a déclaré l président de la commission électorale, Corneille Nangaa, aux représentants des partis politiques réunis à Kinshasa.

"Le problème qui se présente à nous aujourd'hui au Congo consiste à concilier le cycle électoral (...) avec les contraintes techniques auxquelles nous sommes confrontés", a-t-il expliqué en référence aux problèmes logistiques que pose l'organisation d'élections dans un pays dont la superficie est proche de celle de l'ensemble de l'Europe de l'Ouest.

La Cour constitutionnelle congolaise a décidé en mai que Joseph Kabila pourrait rester au pouvoir en cas de report des élections.

L'opposition craint que Joseph Kabila ne cherche à organiser un référendum constitutionnel pour faire adopter une prolongation du mandat présidentiel, comme l'ont fait l'an dernier ses homologues rwandais et congolais.

Le président n'a pour l'instant pas exclu une telle initiative et il a proposé des discussions sur le sujet à tous les partis politiques du pays.

Le gouvernement a dit qu'il entendait organiser les scrutins municipaux et provinciaux avant l'élection du nouveau chef de l'Etat. Pour certains observateurs, une telle décision pourrait permettre de repousser la présidentielle jusqu'en 2018 ou 2019. (Tangi Salaün, Marc Angrand et Danielle Rouquié pour le service français)