AMMAN, 21 janvier (Reuters) - Près de trois ans après le début du conflit syrien, les représentants du président Bachar al Assad et de l'opposition en exil doivent s'entretenir en direct pour la première fois mercredi en Suisse.

Le président syrien contrôle sa délégation composée de responsables diplomatiques chevronnés. En revanche, l'opposition en exil ne représente qu'une partie des opposants à Bachar al Assad.

Voici une présentation succincte des principaux négociateurs :

POUR LE GOUVERNEMENT SYRIEN

WALID AL MOUALEM, 73 ANS

Ministre des Affaires étrangères, il préside la délégation gouvernementale. Il a notamment été ambassadeur de Syrie aux Etats-Unis dans les années 90 quand la Syrie et Israël avaient tenté sans succès de négocier la paix à propos du Golan.

Sa nomination aux Affaires étrangères en 2006 a pu être interprétée comme un signe d'assouplissement de la politique étrangère de Bachar al Assad. Walid al Moualem peut parfois faire preuve d'intransigeance. Il a réfuté les conclusions du rapport d'enquête des Nations unies sur la mort de Rafik Hariri qui affirmait qu'il avait menacé l'ancien Premier ministre libanais deux semaines avant son assassinat dans un attentat à Beyrouth en 2005.

Depuis le début du soulèvement populaire contre Bachar al Assad en mars 2011, Walid al Moualem colle à la ligne officielle : les manifestations sont le fait d'un complot de l'étranger et Bachar al Assad ne quittera pas le pouvoir.

Il est issu d'une famille sunnite de Damas, où l'alliance entre les riches sunnites de la capitale et la minorité alaouite de Bachar al Assad permet au clan Assad et de se maintenir au pouvoir depuis 40 ans.

BOUSSAÏNA CHAABANE

Cette alaouite diplômée de littérature anglaise fut une des interprètes d'Hafez al Assad, le père de Bachar Al Assad. Porte-parole occasionnelle de Bachar al Assad, elle est l'une des rares personnalités ne travaillant pas dans le domaine de la sécurité ayant accès au chef de l'Etat syrien.

Plutôt favorable aux réformes au début du soulèvement, elle a ensuite adopté des positions plus dures. Elle a démenti que des enfants aient pu être tués dans l'attaque au gaz du 21 août dernier près de Damas qui a fait plus de 1.400 morts selon les Etats-Unis et contraint Damas à accepter la destruction de son arsenal chimique.

FAYÇAL MEKDAD

Vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad est l'une des figures les plus puissantes du gouvernement en raison de ses relations avec les services de renseignement et avec le parti Baas au pouvoir.

Protégé du vice-président sunnite Farouk al Chara, sur la touche depuis le début du conflit, Fayçal Mekdad est réputé pour son calme. Il est originaire de la province de Deraa, dans le Sud syrien où est née la révolte.

OMRAN ZOABI

Juriste de formation, le ministre de l'Information est lui aussi originaire de Deraa. Baassiste comme Fayçal Mekdad, il ne craint pas de défendre la manière dont le président Assad a répondu au soulèvement. Il a qualifié les membres de l'opposition de laquais des gouvernements étrangers.

BACHAR DJAAFARI

Ambassadeur de Syrie auprès des Nations unies, Bachar Djaafari, qui a fait ses études en France, est un proche de Bachar al Assad. Sa défense de la façon dont le président gère la révolte a largement contribué à donner du gouvernement syrien une image de cohésion à l'étranger.

POUR L'OPPOSITION

AHMAD AL DJARBA, 44 ANS

Ahmad Djarba a été élu il y a six mois à la présidence de la Coalition nationale syrienne (CNS, opposition en exil) à l'issue d'une âpre lutte de pouvoir qui s'est soldée par la montée en puissance de l'opposition soutenue par l'Arabie saoudite au détriment des islamistes.

Né dans la province syrienne d'Hasaka, peuplé d'Arabes et de Kurdes, Ahmad Djarba appartient à la tribu arabe Chammar, présente aussi en Arabie saoudite et en Irak.

Prisonnier politique pendant deux ans dans les années 90, il a également été arrêté pendant le soulèvement syrien. Il s'est ensuite réfugié en Arabie saoudite. Le royaume sunnite est le principal soutien de l'opposition syrienne.

RIAD SEIF

Eminente figure de l'opposition, cet ancien homme d'affaires âgé d'une soixantaine d'années a joué un rôle important dans la fondation de la CNS. Malgré ses problèmes de santé, il reste influent en coulisse grâce à son opposition de longue date à Assad. Depuis l'arrivée de Bachar al Assad au pouvoir en 2000, Riad Seif a été emprisonné à deux reprises pour un total de huit ans.

MICHEL KILO

Ce chrétien qui a incité l'opposition dominée par la majorité sunnite à s'ouvrir aux minorités passe pour être derrière l'ascension d'Ahmad al Djarba au sein de la CNS.

Ancien prisonnier politique, cet écrivain polyglotte connaît bien le clan Assad et les arcanes de l'appareil sécuritaire syrien. Il a été enfermé dans les geôles syriennes pendant trois ans avant le soulèvement : dans une tribune, il avait critiqué la domination des alaouites au sein de l'armée.

FAROUK TAYFOUR

Ce membre des Frères musulmans est un négociateur avisé qui apprécie la confrontation. "C'est la récréation", a-t-il l'habitude de dire avant des réunions importantes, rapportent ses collègues. Né à Hama en 1945, Farouk Tayfour a fui la Syrie dans les années 80 lors de la répression menée par Hafez al Assad contre les Frères musulmans.

BOURHAN GHALIOUN

Ancien président du Conseil national syrien, ce professeur de Sciences politiques qui vit en France prône les réformes démocratiques en Syrie depuis les années 70. Critiqué pour son style distant quand il était président du Conseil, Bourhan Ghalioun est influent au sein de l'opposition en raison de ses relations avec les gouvernements occidentaux et les pays du Golfe.

SOUHAIR AL ATASSI

Une des rares femmes de la Coalition, Souhair al Atassi est issue d'une famille politique de la ville de Homs traditionnellement opposée aux Assad. Diplômée de littérature française à l'université de Damas, Souhair al Atassi faisait partie des organisateurs des manifestations de Damas pour la libération des prisonniers politiques à l'origine du soulèvement.

Elle a été emprisonnée pendant un mois. Peu après sa libération, elle avait critiqué les réformes proposées par Bachar al Assad, les considérant comme insuffisantes. Il ne peut continuer à "se comporter comme s'il était le maître de la Syrie", a-t-elle dit.

ANAS AL ABDEH

Géologue de formation, Anas al Abdeh représente la jeune génération des islamistes pragmatiques en contact avec l'Occident. Habitant au Royaume-Uni, il est le représentant à l'étranger de la Déclaration de Damas, un mouvement qui oeuvre pour les réformes politiques. (Khaled Yacoub Oweis; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Guy Kerivel)