Zurich (awp) - Le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert une enquête relative à l'institution de Sécurité sociale du Koweït (PIFSS), affaire à laquelle seraient mêlées les banques genevoises Mirabaud et Pictet, selon "Le Temps". Les deux établissements sont mentionnés dans cette procédure portant sur des faits présumés de corruption, gestion déloyale, abus de confiance, blanchiment d'argent et faux dans les titres, rapporte mercredi soir le quotidien sur son site Internet.

 

Selon la PIFSS, l'ancien directeur général Fahad Al-Rajaan et son épouse se seraient rendus coupables de ces infractions avec le supposé concours de différentes banques de la place genevoise. Le fonds koweïtien fait état de 200 mio USD détournés de ses caisses depuis 1996. L'argent aurait été investi dans de l'immobilier, notamment en Suisse.

 

"D'autres montants considérables, résultats de rétrocessions illicites payées sur les investissements de la PIFSS, ont afflué sur les comptes personnels de (Fahad al-Rajaan) en provenance de montages tortueux, d'établissements suisses et étrangers", mentionne l'argumentaire pénal, reproduit partiellement dans l'article.

 

L'institution koweïtienne a déposé une plainte pénale, dont "Le Temps" détient une copie reçue anonymement. Les faits dénoncés mettraient en cause Mirabaud et l'ancien associé Pierre Mirabaud, retiré des affaires depuis 2009. L'enquête ouverte par le MPC porterait également sur des commissions versées par Pictet.

 

AUCUNE POURSUITE ENGAGÉE

 

Contactés par le quotidien, Mirabaud et Pictet n'ont pas souhaité commenter. Pierre Mirabaud conteste les reproches qui lui sont adressés. L'article précise qu'aucun établissement bancaire suisse - ni M. Mirabaud - ne fait l'objet de poursuites de la part du MPC. M. al-Rajaan et son épouse ont été mis en prévention et 200 mio USD d'avoir ont été gelés, dont la moitié en Suisse.

 

La caisse de retraite ciblerait pour l'instant les banques liées à des "exemples identifiés" à ce jour mais se réserve le droit de compléter sa doléance. L'article évoque d'autres "paiements hautement suspects" qui seront examinés et cite des noms de banques éventuellement impliquées, à savoir Edmond de Rothschild, Edouard Constant, Credit Suisse, Corner Banca ou encore EFG Private Bank.

 

Fin septembre, la presse moyen-orientale a révélé qu'un établissement suisse non identifié avait proposé 30 mio USD aux autorités koweïtiennes pour "s'éviter une mauvaise publicité dans le cadre de la procédure en cours".

 

Contacté par AWP, le MPC confirme mener depuis 2012 une enquête contre un ancien haut fonctionnaire koweitien en charge de la PIFSS et "des tiers" pour abus de confiance, gestion déloyale, gestion déloyale des intérêts publics et blanchiment d'argent.

 

L'institution parle d'une "affaire financière complexe impliquant des fonds ayant été véhiculés par le biais de la place financière suisse". Elle coopère dans ce cadre avec les autorités du Koweït mais ne fournit pas davantage d'informations, la procédure étant toujours en cours.

 

Du côté de l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma), on affirme avoir enquêté sur "deux banques" dans le cadre de cette affaire. La Finma a ouvert en 2013 une procédure d'enforcement et exigé des mesures correctives de la part des établissements visés. Les mesures ont été mises en oeuvres, également auprès des individus concernés. Le processus est terminé à ce jour, explique le régulateur dans un message.
La procédure en question ne visait pas Pictet, présice pour sa part, la banque genevoise.

 

Cette affaire s'inscrirait dans un contexte de lutte de pouvoir au Koweït entre les candidats à la succession de l'actuel Emir, qui s'accusent mutuellement d'utiliser les banques genevoises pour leur enrichissement personnel. L'ancien directeur de la PIFSS est considéré comme un partisan de Sheikh Ahmed, figure progressiste.

 

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