par Jamie McGeever

LONDRES, 1er septembre (Reuters) - Les volumes moyens échangés quotidiennement sur le marché des changes se sont contractés à 5.100 milliards de dollars, enregistrant leur premier recul depuis 2001, selon une enquête triennale de la Banque des règlements internationaux (BRI) publiée jeudi.

Le recul est de 5,5% par rapport au volume moyen quotidien de 5.400 milliards de dollars enregistré il y a trois ans, sur la base de relevés réalisés en avril.

Il intervient dans un contexte de durcissement réglementaire qui a poussé les banques à réduire leurs activités de trading et alors que plusieurs grands établissements ont payé des milliards de dollars d'amendes pour solder un scandale de manipulation du marché.

L'enquête de la BRI est l'une des plus exhaustives sur le marché des changes, actif 24 heures sur 24 et qui demeure de loin le plus important au monde.

La baisse des transactions résulte d'une contraction de 15% des opérations au comptant à 1.700 milliards de dollars en moyenne par jour contre 2.000 milliards il y a trois ans.

En revanche, les opérations de swaps ont progressé de 6% à 2.400 milliards par jour, un rythme de croissance nettement moins soutenu qu'il y a trois ans lorsqu'il était ressorti à 27%.

Les volumes étaient toutefois gonflés en 2013 par l'activité sur le yen liée aux initiatives de politique monétaire de la Banque du Japon, souligne la BRI qui relève qu'à taux de change constants les volumes sont en hausse de 4%.

"Néanmoins, les derniers développements tranchent avec la forte croissance des échanges observée entre les enquêtes triennales depuis 2001", écrit l'institution financière internationale.

Le dollar a renforcé sa position de monnaie dominante figurant comme contrepartie dans 88% de toutes les transactions de changes contre 87% il y a trois ans.

En revanche, l'euro a vu sa part de marché continuer à décroître, rançon de la crise des dettes souveraines de 2010. La monnaie unique européenne n'est contrepartie que de 31% des opérations de change contre 33% en 2013 et 39% en 2009.

La part du yen a reculé d'un point de pourcentage à 22%. Celle du dollar australien et du franc suisse ont baissé respectivement de 8,6% à 6,9% et de 5,2% à 4,8%.

LE YUAN, GRAND GAGNANT

Le grand gagnant est le yuan qui a supplanté le peso mexicain comme devise émergente la plus traitée. Sa part de marché mondial a doublé à 4% avec l'équivalent de 200 milliards de dollars de renminbi qui changent de main en moyenne tous les jours.

Les devises émergentes toutes confondues représentent 21,2% des transactions de change contre 18,8% il y a trois ans.

Si la paire sterling/dollar a vu sa part progresser à 9,2% contre 8,8% du total des transactions en 2013, elle est loin d'avoir retrouvé les 13,4% de 2004, a souligné la BRI.

La concentration de l'activité sur un nombre restreint de plaques tournantes s'est encore accentuée, les cinq premières places de change que sont l'Angleterre et principalement Londres, les Etats-Unis et principalement New York, Tokyo, Hong Kong et Singapour voyant leur part de marché atteindre 77% contre 75% il y a trois.

Londres reste en première place avec une avance confortable mais sa part de marché est passée de 41% il y a trois ans à 37% et la City a été détrônée par New York comme première place mondiale pour les opérations de swaps.

Les trois places asiatiques détiennent désormais une part de marché combinée de 21% contre 15% il y a trois ans tandis que celle de New York est restée quasi-stable à 19%, a précisé la BRI.

Les communiqués de la BRI sur l'étude triennale sur l'activité du marché des changes: http://bit.ly/2bFtnq0

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)