(Actualisé avec précisions, contexte)

ISTANBUL/BENGHAZI, 8 janvier (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont appelé mercredi à l'instauration d'un cessez-le-feu en Libye à partir du 12 janvier à minuit et ont exhorté les belligérants à s'asseoir à la table de négociations pour parvenir à la paix.

Cet appel a été lancé par les deux dirigeants, qui soutiennent des camps rivaux en Libye, à l'issue d'une rencontre à Istanbul en marge de l'inauguration du gazoduc Turkish Stream, symbole du rapprochement des deux pays en dépit des tensions de ces dernières années.

Le conflit libyen met à mal la sécurité régionale et "provoque une migration irrégulière, une propagation accrue des armes, du terrorisme et d'autres activités criminelles, dont le trafic illicite", peut-on lire dans un communiqué commun diffusé à l'issue de leur entretien.

Plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est divisée en deux camps rivaux entre le gouvernement d'accord national (GNA), qui siège à Tripoli et qui est reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement parallèle soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, dans l'est du pays.

Les deux camps bénéficient du soutien politique et militaire de puissances régionales et internationales, à l'image notamment de la Turquie qui appuie le GNA dirigé par Fayez al Serraj et de la Russie qui soutient les forces du maréchal Haftar.

Ces dernières, qui ont lancé une offensive sur la capitale libyenne au printemps dernier, ont annoncé lundi avoir pris le contrôle de la ville de Syrte, à quelque 370 km au sud-est de Tripoli.

La lutte d'influence à laquelle se livrent les acteurs régionaux en Libye suscite l'inquiétude de l'Union européenne qui a condamné mardi les projets de déploiement militaire turc dans le pays, mettant en garde contre toute alimentation de la crise.

Un message répété mercredi au Premier ministre libyen présent à Bruxelles par plusieurs dirigeants européens dont le président du Conseil européen Charles Michel ou encore le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

"Nous voulons empêcher la Libye de devenir le théâtre d’une guerre par procuration", a souligné le ministre allemand. "La Libye ne peut pas devenir une deuxième Syrie."

Le maréchal Haftar devait lui, selon une source gouvernementale italienne, rencontrer le président du Conseil italien Giuseppe Conte mercredi à Rome. (Can Sezer et Ayman al Warfalli, version française Jean-Stéphane Brosse et Marine Pennetier)