* Israël a bombardé une trentaine de cibles samedi à Gaza

* Neuf Palestiniens tués dans ces bombardements aériens

* Deux Palestiniens ont trouvé la mort en Cisjordanie

* Les négociations du Caire proches de la rupture (Actualisé avec négociateurs palestiniens, bilan, manifestation à Tel Aviv)

par Nidal al-Mughrabi et Allyn Fisher-Ilan

GAZA/JERUSALEM, 9 août (Reuters) - Israël a lancé plus de 30 raids aériens samedi sur la bande de Gaza, tuant neuf Palestiniens, tandis que plusieurs roquettes étaient tirées de l'enclave palestinienne en territoire israélien au moment où le conflit entre dans son deuxième mois.

La poursuite des violences menace de conduire à l'échec les efforts de médiation de l'Egypte, qui tente d'arracher un nouveau cessez-le-feu entre les protagonistes, après l'expiration d'une première trêve de 72 heures qui a tenu de mardi à vendredi matin.

Israël n'a aucune intention de renvoyer des négociateurs au Caire "tant que les tirs (de roquettes) continuent", a répété samedi un officiel israélien.

Les négociateurs palestiniens ont pour leur part annoncé qu'ils quitteraient dimanche la capitale égyptienne si Israël n'accepte pas une reprise sans condition de ces pourparlers indirects. ( )

Selon les autorités médicales à Gaza, deux Palestiniens à moto ont été tués dans un des bombardements de samedi. Trois mosquées ont par ailleurs été bombardées. Les corps de trois Palestiniens ont été découverts sous les décombres de l'une d'entre elles.

Deux Palestiniens ont péri dans le bombardement d'une voiture circulant à Rafah, dans le sud du territoire côtier, rapporte le personnel médical de Gaza. Une adolescente de 13 ans et un homme ont été tués dans d'autres raids aériens, ont dit des responsables hospitaliers.

L'armée israélienne affirme dans un communiqué que quatre des Palestiniens visés samedi étaient des activistes du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande côtière.

Une autre frappe a fait disparaître dans un nuage de fumée un bâtiment utilisé par les services de sécurité du Hamas. Il n'y a pas eu de victime.

Ailleurs, trois maisons ont été bombardées et les chasseurs israéliens ont aussi mitraillé des secteurs non habités.

Depuis minuit, l'armée israélienne dit avoir bombardé plus de 30 sites sans en détailler la liste.

Les activistes palestiniens ont pour leur part tiré samedi 30 roquettes en direction du sud d'Israël sans faire de dégâts ni de blessés, a dit l'armée israélienne.

Des Palestiniens ont également été tués en Cisjordanie occupée, siège de l'Autorité palestinienne. Un Palestinien de 43 ans est mort d'une blessure par balle à la poitrine après des heurts avec l'armée israélienne à Hébron, a-t-on appris de source médicale.

ISRAËL VEUT DES GARANTIES

Un autre Palestinien, âgé de 20 ans, a été abattu vendredi lors d'une manifestation près d'une colonie juive près de Ramallah, apprend-on auprès de l'armée israélienne.

Quant à la médiation de l'Egypte, qui discute séparément avec les deux parties, elle semble au bord de l'échec, chaque camp reprochant à l'autre d'empêcher un accord.

"Demain (dimanche), nous avons une rencontre avec les dirigeants égyptiens dans la matinée et sur cette base nous prendrons une décision quant à la suite", a dit Azzam Ahmed, le chef de la délégation palestinienne, à la chaîne de télévision Al Arabiya.

"Nous quitterons Le Caire demain s'il nous est confirmé qu'ils ne reviendront pas sauf s'il y a des conditions", a-t-il ajouté.

L'un des points les plus sensibles des discussions porte sur la demande par Israël de garanties que le matériel qui sera envoyé à Gaza pour la reconstruction du territoire ne servira pas à creuser de nouveaux tunnels permettant aux activistes palestiniens de s'infiltrer en Israël.

Les Palestiniens réclament pour leur part qu'Israël accepte le principe d'une levée du blocus de la bande de Gaza mais aussi la libération de prisonniers et l'ouverture d'un port dans le territoire côtier.

"Il n'y aura pas de recul et la résistance se poursuivra (...) Il n'y a aucun recul sur aucune de nos exigences", a dit Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.

Evoquant des risques liés à la poursuite des tirs de roquettes palestiniennes, la police israélienne a interdit la tenue d'une manifestation pacifiste prévue samedi à Tel Aviv.

Environ 150 manifestants ont toutefois bravé cette interdiction, a dit la police.

Depuis la rupture de la trêve, Israël dit avoir recensé plus 100 tirs de roquettes sur son territoire. Deux civils israéliens ont par ailleurs été blessés par un tir de mortier vendredi.

Les ministres français, britannique et allemand des Affaires étrangères, Laurent Fabius, Philipp Hammond et Walter Steinmeier, ont appelé samedi les deux parties "à revenir immédiatement à un cessez-le-feu", disant apporter leur plein soutien aux efforts de l'Egypte.

Selon un bilan fourni par les autorités de Gaza, l'opération "Bordure protectrice" lancée par Israël le 8 juillet après une recrudescence des tirs de roquettes palestiniennes, a fait 1.890 morts côté palestinien, pour la plupart des civils.

L'armée israélienne a dit déplorer 64 morts tandis qu'en Israël, trois civils ont été tués. (Danielle Rouquié, Tangi Salaün et Bertrand Boucey pour le service français)