par Andrei Khalip

LISBONNE, 24 janvier (Reuters) - Marcelo Rebelo de Sousa, candidat de la droite, a remporté dimanche dès le premier tour l'élection présidentielle au Portugal, selon les résultats provisoires.

La fonction de chef de l'Etat est principalement protocolaire au Portugal mais ce dernier pourrait jouer un rôle important dans un contexte d'incertitude politique provoquée par les élections législatives d'octobre.

Après plusieurs semaines d'instabilité et un vote de censure contre le gouvernement de centre-droit, un cabinet socialiste soutenu par l'extrême gauche est entré en fonction fin novembre.

Antonio Costa, ancien maire socialiste de Lisbonne, a promis de respecter les règles budgétaires imposées par Bruxelles tout en promettant de "tourner la page de l'austérité".

L'élection de Marcelo Rebelo de Sousa opère un retour de balancier politique car le président dispose du pouvoir de dissoudre le parlement et de démettre le Premier ministre.

Alors que le dépouillement des bulletins était quasiment achevé, Rebelo de Sousa, ancien journaliste et membre du Parti social démocrate (PSD), était crédité de 52% des suffrages.

Son plus sérieux rival, le socialiste Antonio Sampaio da Novoa, a concédé sa défaite étant crédité d'environ 23% des voix tandis que la candidate du Bloc de gauche Marisa Matias obtenait 10%.

Les contraintes budgétaires européennes étant difficiles à concilier avec les promesses d'allègement de l'austérité, la majorité parlementaire formée par le PS, les communistes et le Bloc de gauche a d'ores déjà montré des signes de faiblesse.

Pour de nombreux commentateurs, le gouvernement d'Antonio Costa n'ira pas au bout de son mandat de quatre ans. Si tel est le cas, le chef de l'Etat devra alors jouer les médiateurs en vue de la formation d'un nouvel exécutif ou utiliser ce que les Portugais appellent sa "bombe atomique", c'est à dire son pouvoir de dissolution.

Si Anibal Cavaco Silva, le président sortant issu lui aussi du PSD, ne s'est pas opposé à l'investiture du gouvernement Costa, c'est uniquement par que la Constitution lui interdit de dissoudre dans les six mois précédant la fin de son mandat, a-t-il lui-même reconnu.

Son successeur sera en revanche en droit de le faire à compter du 4 avril, c'est à dire six mois après les législatives, mais il peut aussi limoger le Premier ministre.

Marcelo Rebelo de Sousa n'en a pour le moment pas exprimé l'intention et s'est montré plutôt conciliant.

"La priorité, c'est de raffermir la stabilité politique, l'entente nécessaire pour gouverner. Ce n'est pas le moment de diviser", a-t-il déclaré récemment.

L'ancien homme de télévision, qui se dit "à l'aile gauche de la droite", a axé sa campagne sur la justice sociale et l'équilibre financier, des thèmes tout aussi chers au PS.

A gauche, on le soupçonne toutefois de chercher à exploiter sa notoriété médiatique pour renouer avec la politique de la droite traditionnelle.

(Pierre Sérisier et Jean-Philippe Lefief pour le service français)