PEKIN, 3 février (Reuters) - La recherche de coupables après le pic de pollution qui a enveloppé Pékin d'un épais brouillard en janvier met sous le feu des projecteurs les deux géants du pétrole chinois, réticents à accepter des normes environnementales plus strictes en matière de production de carburant.

La sourde lutte qui oppose le ministère de l'Environnement et les deux géants chinois du pétrole, China National Petroleum (CNPC) et Sinopec, a jusqu'ici bloqué le renforcement des normes d'émissions pour les camions et les bus roulant au diesel, une source importante de pollution de l'air dans les grandes villes de Chine.

Si les sources de pollution sont multiples à Pékin, les émissions des véhicules représentent tout de même, selon certaines évaluations, un quart des émissions de particules fines les plus polluantes.

Pour les analystes, les atermoiements des compagnies pétrolières et leur mépris vis-à-vis des réglementations environnementales font ressortir les défis que doit aujourd'hui relever un ministère de l'Environnement qui apparaît comme désarmé face aux grands groupes.

Alors que la colère des urbains se fait de plus en plus sentir face aux fréquents pics de pollution, la question de la pollution atmosphérique en Chine soulève la question de savoir si la nouvelle direction au pouvoir parviendra à résister aux intérêts des plus puissantes entreprises du pays.

"Je pense que la nouvelle direction du Parti communiste devrait affaiblir CNPC et Sinopec", a déclaré Wang Yukai, professeur à l'école nationale d'administration, estimant que "ces groupes d'intérêt ont trop de pouvoir".

Pour produire des carburants plus propres, les compagnies pétrolières doivent investir des dizaines de milliards de yuans (des milliards d'euros) pour les débarrasser de leur contenu en soufre, estime Xiaoyi Mu, maître de conférences à l'Université de Dundee, en Ecosse. (Sui-Lee Wee et Hui Li, Hélène Duvigneau pour le service français)