Berne (awp/ats) - La Confédération devrait investir 16,4 milliards de francs suisses dans l'infrastructure ferroviaire entre 2025 et 2028, soit quelque deux milliards de plus que pour la période en cours. Le Conseil fédéral a transmis mercredi son message au Parlement.

L'enveloppe dépasse également de 1,3 milliard celle proposée lors de la consultation, a précisé le ministre des transports Albert Rösti devant les médias à Berne. Cette hausse permet non seulement de compenser le renchérissement, mais aussi de verser plus de moyens aux chemins de fer.

Ces moyens supplémentaires serviront notamment à mettre en oeuvre les projets prêts à être construits afin de favoriser l'accessibilité des personnes en situation de handicap. Tous les projets permettant cette accessibilité n'ont pas pu être terminés à la fin de l'année passée, a rappelé M. Rösti.

Plus largement, l'enveloppe donnera aux chemins de fer les moyens nécessaires pour rénover leurs infrastructures vieillissantes. Ils pourront maintenir la qualité du réseau ferré, le moderniser si nécessaire et l'adapter à l'état actuel de la technique. Le montant financera aussi les tâches dites systémiques, par exemple dans le domaine de l'information à la clientèle ou du courant de traction.

Les moyens pour la maintenance des infrastructures (hors exploitation) ont augmenté de 16% entre 2016 et 2022, précise le gouvernement. En chiffres réels aussi, plus d'argent est mis à disposition, a ajouté le ministre.

Martin von Känel, sous-directeur de l'Office fédéral des transports, a énuméré, parmi les projets les plus urgents, la fin de l'aménagement du tunnel de la Furka (VS/UR), un nouveau tunnel entre Soleure et Moutier (BE) ou encore la correction du tracé entre Collombey et Monthey (VS). Les travaux sont discutés avec les compagnies ferroviaires. "Par an, il y a un maximum de projets qu'on peut réaliser."

Objectifs

Parallèlement au cadre financier, la Confédération fixe des objectifs. Elle attend des chemins de fer qu'ils garantissent la sécurité sur le réseau ferré et la performance de l'infrastructure. Ils ont aussi pour mission de garantir une utilisation optimale des capacités, de veiller à la conservation de la valeur à long terme et d'assurer une productivité élevée.

Dans l'ensemble, l'infrastructure ferroviaire est dans un état suffisant à bon avec un trafic dense. Albert Rösti a salué une grosse offre, une ponctualité élevée et un réseau très sûr; un apport important pour couvrir les besoins en mobilité de la population et des entreprises ainsi que pour poursuivre le but de décarbonation du pays.

Les dépenses fédérales pour l'exploitation et le maintien de la qualité de l'infrastructure sont entièrement financées par le fonds d'infrastructure ferroviaire de la Confédération. Le budget fédéral n'est donc pas encore alourdi, a noté M. Rösti.

Divisions en étapes

Il a toutefois précisé que le fonds pourrait ne plus suffire dès 2029. Des pronostics plus détaillés seront faits pour le prochain message, mais le Bernois a déjà prévenu qu'il faut s'attendre à ce que de futurs gros projets soient divisés en plusieurs étapes.

Il s'est dit conscient que certains acteurs veulent plus d'argent. "Mais plus d'argent veut dire plus de projets, et on a besoin de personnel pour ces travaux."

Le Conseil fédéral estime que les problèmes ces dernières années concernant l'avancée de certains projets étaient liés entre autres à un manque de ressources et de créneaux, et non faute de moyens financiers suffisants.

Interpellé par un journaliste, le ministre a encore réfuté allouer plus de moyens pour faire taire les critiques. Il a assuré que tous les projets sont évalués en fonction de leurs coûts et de leur utilité. Et encore de répéter que le rail et la route ne sont pas en concurrence. Les deux fonds pour ce faire sont différents. "On a besoin des deux pour répondre aux besoins."

Pour la période 2025-2028, le gouvernement demande en outre un crédit d'engagement de 185 millions de francs suisses pour des contributions d'investissement dans des installations privées de triage et de transbordement. Et de citer des terminaux ou des voies de raccordement.

Il s'agit de prolonger d'un an l'actuel crédit-cadre. Les projets importants qui étaient prévus lorsque ce crédit-cadre a été fixé, mais qui ont pris du retard seront encore à la charge du crédit actuel.

Le Conseil fédéral entend ainsi continuer à encourager le fret ferroviaire et le transfert du transport transalpin de marchandises. Le financement est assuré par les ressources à affectation obligatoire de l'impôt sur les huiles minérales utilisées comme carburants et par d'autres ressources affectées.

ats/al