par Andy Bruce

Vingt-et-un économistes sur les 76 interrogés ont ainsi repoussé la date à laquelle ils s'attendent à voir la BCE durcir sa politique monétaire. Et la médiane des estimations recueillies s'en trouve retardée d'un trimestre entier, pour le deuxième mois consécutif.

Face aux mesures d'austérité budgétaire adoptées par les gouvernements, aux enquêtes pessimistes sur le moral des chefs d'entreprise et aux tensions persistantes liées à la crise de la dette dans la zone euro, les observateurs jugent inconcevables que la banque centrale entame à brève échéance le retrait de ses soutiens monétaires.

"Les tensions sur les marchés des emprunts d'Etat, la faiblesse du crédit bancaire et la volatilité des marchés de capitaux signifient que la transmission du soutien monétaire à l'économie réelle diminue un peu", explique Lena Lomileva, de Tullett Prebon à Londres.

Le taux de refinancement de la BCE, le principal instrument de sa politique monétaire, devrait atteindre 1,5% fin 2011, contre 1,0% actuellement, montre l'enquête.

En janvier, avant l'accélération de la crise grecque et les turbulences sur les marchés, les analystes s'attendaient à ce que le "refi" remonte à 1,5% dès la fin de cette année.

En mars, la probabilité d'une hausse des taux au moins avant la fin 2010 était évaluée à 60%; aujourd'hui, elle n'est plus que de 10%.

SOUTIEN PROLONGÉ

"Alors que les entreprises et les ménages privilégient le désendettement, et en l'absence de soutien apporté par des aides gouvernementales ou le crédit bancaire, les taux de la banque centrale devront rester bas plus longtemps", explique Lena Komileva.

Si aucun des économistes et analystes interrogés par Reuters ne s'attend à une modification des taux de la BCE à l'issue de sa réunion mensuelle le 8 juillet, les observateurs suivront, comme d'habitude, avec attention la conférence de presse du président Jean-Claude Trichet, à l'affût d'indices sur l'évolution des mesures exceptionnelles de soutien aux banques, via ses opérations de prêts de liquidités.

"Nous nous attendons à ce que la BCE accepte toutes les demandes au moins jusqu'à la fin de l'année, car les difficultés de financement d'un certain nombre de banques font de la BCE la seule source de liquidités", explique Anders Matzen, de Nordea.

Mercredi, après la fin de l'enquête, la banque centrale a alloué aux banques de la zone euro moins de capitaux qu'attendu dans le cadre d'une adjudication à trois mois, ce qui a apaisé en partie les craintes liées aux difficultés de financement de certains établissements.

Les économistes et analystes notent que la faiblesse de l'inflation devrait faciliter le maintien des taux à leur plus bas niveau historique.

"L'inflation pourrait remonter aux environs de 1,5 à 2,0% d'ici la fin 2010 mais les pressions inflationnistes sous-jacentes reflètent désormais d'importantes capacités excédentaires", a dit Elwin de Groot, de Rabobank.

Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten