* La candidature de Bouteflika contestée

* Incertitudes sur la présidentielle du 18 avril

* Paris invite à un scrutin dans de "bonnes conditions" (Actualisé avec contexte, déclarations)

PARIS, 27 février (Reuters) - La France a fait entendre sa voix mercredi dans la crise qui secoue l'Algérie, où une partie de la population s'élève contre la perspective d'un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, en souhaitant que la présidentielle du 18 avril se déroule dans de "bonnes conditions", avec une campagne transparente.

Le Front de libération (FLN) a désigné début février Abdelaziz Bouteflika, dirigeant de 81 ans très affaibli par les séquelles d'un AVC survenu en 2013, au pouvoir depuis 1999, pour briguer un nouveau mandat à la tête d'un pays où le chômage affecte un quart des jeunes de moins de 30 ans, qui représentent près de 70% de la population.

Les spéculations sur de possibles scénarios alternatifs - le retrait de la candidature Bouteflika sous la pression de la rue ou un report de l'élection - alimentent l'incertitude à l'approche de la clôture officielle des candidatures, dimanche.

L'opposition algérienne considère qu'Abdelaziz Bouteflika, qui n'est pas apparu en public depuis des mois et aura 82 ans samedi, n'est plus en état de gouverner, alors que les cercles du FLN, de l'armée et des milieux d'affaires jugent que sa réélection apporterait de la stabilité à court terme et permettrait de différer la question de sa succession.

Face à la menace d'une déstabilisation, dans un pays encore meurtri par la guerre civile contre les islamistes armés durant les années 1992-98, la France observe avec prudence la situation de crainte d'un procès en ingérence dans son ancienne colonie.

"On a pris note de la décision du président Bouteflika de se porter candidat à l'élection présidentielle", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement lors du compte rendu du conseil des ministres.

"C'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de choisir ses dirigeants, et de son avenir, et cela dans la paix et la sécurité", a ajouté Benjamin Griveaux, soulignant que l'Algérie était un "pays ami" et un "partenaire important".

"ÉQUATION IMPOSSIBLE"

"On souhaite que cette élection se déroule dans les bonnes conditions en assurant la transparence de la campagne", a-t-il souligné.

"Nous formons le voeu, a-t-il poursuivi, que cette élection donne à l'Algérie l'impulsion nécessaire pour faire face aux défis qui sont les siens et pour répondre aux revendications profondes de sa population".

Depuis la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s'attache non sans controverse à panser les plaies d'un passé encore à vif.

Alors candidat, en février 2017, il avait parlé de la colonisation française comme d'"un crime contre l'humanité" tout en précisant ne pas vouloir "tomber dans la culture de la culpabilisation".

Depuis son élection, il a consenti des gestes d'apaisement. Il a reconnu en septembre dernier la responsabilité de l'Etat français dans la mort "sous la torture" de Maurice Audin, un mathématicien communiste et anticolonialiste arrêté le 11 juin 1957 pendant la bataille d'Alger.

Le chef de l'Etat a par la suite appelé la France à regarder son passé "en face" pour avancer vers "un avenir apaisé avec l'Algérie" à l'occasion du 57e anniversaire de la répression meurtrière, par la police française, de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris.

Emmanuel Macron, a déclaré mardi l'historien Benjamin Stora sur France Inter, "est confronté à une sorte d'équation impossible" : "être dans un mouvement de soutien à la jeunesse algérienne qui serait peut-être sa tentation naturelle" et de l'autre la lutte anti-terroriste, pour laquelle l'Algérie joue un rôle majeur sur le continent africain. (Sophie Louet et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)