par Gilles Guillaume et Helen Massy Beresford

Comme Renault, PSA a obtenu en février 2009 un prêt de trois milliards d'euros de l'État pour faire face à la crise. Ce prêt ne peut théoriquement être remboursé qu'à partir de mars 2011.

"Nous avons indiqué au gouvernement que s'il avait besoin de crédits, compte tenu de nos liquidités, nous étions tout à fait disposés à rembourser en anticipation un milliard d'euros au deuxième semestre de cette année sur les trois milliards d'euros", a déclaré Philippe Varin au cours de l'assemblée générale de PSA, faisant référence aux besoins de financement du reste de la filière automobile.

"Il y a eu effectivement une réaction préliminaire de surprise, de la réserve, mais j'ai compris que les discussions maintenant étaient engagées tout à fait positivement", a-t-il ajouté.

Les deux constructeurs automobiles français sont aujourd'hui en bien meilleure posture qu'en début d'année dernière grâce au soutien apporté aux ventes par la prime à la casse et aux mesures de réduction de coûts qu'ils ont engagées.

PSA, qui a confirmé son objectif d'un résultat opérationnel courant largement positif au premier semestre à l'échelle du groupe mais n'a toujours rien dit sur la seconde partie de l'année, a noté que le taux d'intérêt du prêt de l'État augmentait avec la marge opérationnelle réalisée et qu'il avait donc tout intérêt à rembourser au plus vite.

Le P-DG de Renault, Carlos Ghosn, avait abordé lui aussi cette éventualité lors de l'assemblée générale du groupe fin avril. Il avait ajouté qu'une décision sur un remboursement progressif par son groupe se ferait en concertation avec PSA.

Philippe Varin n'a pas semblé particulièrement désireux de s'accorder sur ce point avec son homologue.

"S'il y a une coïncidence de calendrier, tant mieux", a-t-il déclaré sur la radio BFM. "Mais nous sommes dans des stratégies indépendantes."

POSITIONNEMENT INCOMPATIBLE AVEC LE LOW COST

PSA s'attend toujours à une année contrastée selon les marchés, avec d'une part une contraction de 9% anticipée sur le continent européen et une croissance à deux chiffres en Chine.

"(La croissance) viendra d'abord d'Europe où nos deux marques devront continuer de gagner des parts de marché par l'innovation et la montée en gamme. Mais elle viendra surtout de la zone hors Europe, dont nous devons épouser le dynamisme avec détermination", a dit Philippe Varin.

Interrogé sur la réussite de Dacia, la marque "low cost" de Renault, il a estimé que le positionnement des deux marques de PSA n'était pas cohérent avec celui du bas coût.

"Il y aurait une contradiction très claire entre le positionnement de nos deux gammes, que l'on peut voir dans le cas de Citroën sur la DS3 ou dans le cas Peugeot sur la 3008 ou la 5008, entre avoir ce positionnement dans nos concessions et en même temps le positionnement low cost", a-t-il déclaré sur la radio BFM.

Les ventes de Dacia ont plus que doublé le mois dernier, tandis que celles de PSA ont reculé de 13,1%, victimes de l'essoufflement de l'effet de la prime à la casse et d'un comparatif défavorable.

Philippe Varin a expliqué qu'il donnait la priorité aux voitures de style et a rejeté l'appellation low cost pour les futurs modèles "coeur de gamme" que le groupe produira en Espagne puisque ceux-ci seront destinés aux pays émergents.

Il a aussi estimé que les véhicules électriques et hybrides représenteraient 15% environ du marché automobile européen d'ici 2020.

PSA lancera en fin d'année l'iOn et la C-Zéro, versions Peugeot et Citroën de l'iMiev électrique de son partenaire Mitsubishi, avant un premier moteur diesel hybride en 2011. Suivra en 2012 une version rechargeable qui permettra de rouler en ville en mode totalement électrique, puis de recharger la batterie sur la route grâce au diesel.

Edité par Dominique Rodriguez