(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* L'EuroStoxx a gagné 3% en janvier en dépit de l'euro

* La devise unique a grimpé jusqu'à plus de 1,25 dollar

* La croissance du PIB plus importante pour les marchés d'actions

* L'impact de l'euro fort sur les résultats pourrait être limité

par Blandine Henault

PARIS, 5 février (Reuters) - L'euro fort n'a pas empêché les marchés d'actions européens de signer en janvier leur meilleur début d'année depuis trois ans, même si les investisseurs devraient rester attentifs dans les prochaines semaines aux discours des entreprises sur cet élément potentiellement pénalisant pour les profits.

Les vives tensions sur le marché obligataire et la hausse de l'euro ont certes pesé sur les Bourses européennes sur la semaine écoulée, mais l'indice EuroStoxx 50 de la zone euro affiche tout de même une progression de 3% sur le premier mois de l'année.

Cette hausse est quasiment identique à celle de l'euro face au dollar (+3,5%), qui a porté la monnaie unique à plus de 1,25 dollar, au plus haut depuis décembre 2014.

Le renchérissement de l'euro a tout de même un impact négatif sur le marché d'actions de la région, dont la performance a été inférieure à celle de Wall Street. L'indice S&P 500 a ainsi progressé de 5,6% en janvier.

Selon Goldman Sachs, la corrélation à trois mois entre l'euro et l'EuroStoxx 50 avoisine -0,40, ce qui signifie que toute hausse de la devise pénalise la performance des actions européennes.

Mais cet impact est à relativiser, ajoute la banque américaine. L'indice euro pondéré des échanges commerciaux n'a gagné que 0,75% en janvier; or environ 25% du chiffre d'affaires des entreprises de l'EuroStoxx 50 est réalisé en Asie-Pacifique et dans les autres pays émergents, contre 20% seulement en Amérique du Nord.

"Cela nous fait penser que les mouvements sur l'euro pondéré des échanges commerciaux sont plus pertinents pour les investisseurs", écrivent les analystes de Goldman Sachs dans une note.

Par ailleurs, la hausse de l'euro n'est pas de nature à décourager les flux d'investissement sur les actions européennes, selon Goldman Sachs, qui ne constate aucune corrélation historique.

LA CROISSANCE DU PIB PLUS IMPORTANTE

L'intérêt des investisseurs pour les actions européennes reste porté par la vigueur de la reprise économique dans la région ainsi que par la quasi-disparition des risques politiques.

Les indices PMI parus jeudi en zone euro ont montré que la croissance du secteur manufacturier était la plus élevée depuis plus de 20 ans.

"Le marché d'actions européen est bien plus sensible à la révision en hausse du PIB qu'à la variation de l'euro. C'est vraiment la croissance qui prend le pas à ce stade", observe Gilles Guibout, gérant actions Europe chez Axa IM.

"De par sa structure de marché, l'Europe est la première bénéficiaire de la reprise économique car le poids des valeurs cycliques y atteint 50%, quand le marché américain est plus pondéré en valeurs de croissance, comme la technologie", ajoute-t-il.

Statistiquement, chaque point supplémentaire de croissance du PIB ajoute environ 11 points de pourcentage à la croissance des bénéfices par action de l'EuroStoxx 50, d'après les calculs de Goldman Sachs.

En comparaison, une progression de 10% de l'euro face au dollar ampute cette croissance bénéficiaire de "seulement" 1,4 point de pourcentage.

Pour 2018, Goldman Sachs prévoit une croissance de 10% des bénéfices par action de l'Eurostoxx 50, sur la base d'un euro à 1,20 dollar.

Si le niveau moyen de l'euro sur l'année devait atteindre 1,25, cela amputerait de 90 points de pourcentage cette prévision de croissance des profits, toutes choses égales par ailleurs.

"Etant donné que les prévisions de PIB de nos économistes ont aussi été légèrement relevées depuis que nous avons fait nos estimations, nous restons à l'aise sur notre prévision de croissance de 10%", indiquent les analystes de la banque américaine.

UN IMPACT SUR LES ENTREPRISES AU CAS PAR CAS

Alors que la cadence des publications de résultats va s'accélérant en Europe, l'impact du renchérissement de l'euro sur les comptes des entreprises de la région constituera une des thématiques majeures de cette saison des trimestriels.

Mercredi, le spécialiste allemand des semi-conducteurs Infineon a été le premier à lancer un avertissement sur ses ventes en raison de l'affaiblissement du dollar .

"On pourrait avoir de mauvaises surprises liées à l'effet des changes sur les résultats mais il faudra regarder au cas par cas si cet impact est lié à un seul effet de conversion ou si l'euro fort affaiblit vraiment la position concurrentielle de l'entreprise", indique Gilles Guibout.

Pour Goldman Sachs, l'impact négatif attendu devrait essentiellement être un effet de conversion car la plupart des sociétés européennes exposées aux Etats-Unis ne sont pas des exportateurs mais des sociétés disposant d'actifs ou d'activités dans le pays.

Pour les "vrais" exportateurs européens, la question est plus délicate. Credit Suisse a ainsi dégradé vendredi sa recommandation sur Airbus en disant s'attendre à un impact marqué de l'euro fort sur la rentabilité de l'avionneur européen à partir de 2020.

"L'impact (des changes) sera limité jusqu'en 2020 en raison des couvertures existantes mais il divisera par deux la croissance du résultat opérationnel (Ebit) que nous aurions attendue autrement pour 2021-22", ont prévenu les analystes.

LA CROISSANCE DES PROFITS DOIT JUSTIFIER LES VALORISATIONS

Avec des niveaux de valorisation élevés, le principal moteur de performance des marchés d'actions en 2018 devrait être la croissance des résultats, prévient Gilles Guibout. Ce qui explique que toute déception est actuellement durement sanctionnée.

A Paris, plusieurs poids lourds de la cote doivent publier leurs résultats annuels dans les prochains jours. Ce sera le cas de Total, Sanofi, Publicis et des banques françaises BNP Paribas et Société Générale .

Le compartiment financier affiche la plus forte hausse sectorielle depuis le début de l'année, avec un gain de 5,8% pour les services financiers et de près de 5% pour les banques, grâce à la vive remontée des rendements obligataires, qui favorise un rebond des marges.

*Les flux donnent un signal de vente clair-BAML

Source :

* Strategy Matters - Appreciating the currency: European equities and FX - Goldman Sachs. 30 janvier 2018.

(édité par Marc Angrand)