* Près de 200 pays réunis jusqu'au 22 novembre

* Les négociations portent sur un accord en 2015

* Le sujet n'est plus une priorité pour les pays riches (actualisé après 1ère journée, délégué philippin, Figueres)

par Alister Doyle

VARSOVIE, 11 novembre (Reuters) - La conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique s'est ouverte lundi à Varsovie dans un contexte d'atonie économique toujours défavorable à la lutte contre le réchauffement, malgré les mises en garde de plus en plus pressantes de la communauté scientifique.

Les délégués de près de 200 pays représentés à la conférence ont observé une minute de silence à la mémoire du super-typhon Haiyan, l'un des plus violents cyclones jamais enregistrés, qui a fait dans les 10.000 morts en fin de semaine dernière aux Philippines.

Le chef de la délégation philippine à Varsovie, Naderev Sano, a annoncé lundi qu'il allait jeûner tout au long de la conférence afin de protester contre l'inaction de la communauté internationale face au réchauffement climatique, responsable, selon lui, du super-typhon Haiyan.

Le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) estime que le réchauffement climatique a entraîné une élévation moyenne de 20 cm du niveau des mers au cours des cent dernières années, ce qui est susceptible d'aggraver la montée des eaux constatée en cas de cyclone.

Pour bon nombre de pays, la violence du typhon Haiyan corrobore la tendance à une aggravation des phénomènes climatiques extrêmes et devrait inciter les délégués à Varsovie à avancer dans les négociations.

"Cela nous rappelle la nécessité de prendre des mesures d'urgence", a estimé Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique.

Pour Krishna Kumar Kanikicharla, du Giec, le nombre total de cyclones tropicaux pourrait diminuer au cours du XXIe siècle mais ceux qui se produiront risquent d'être plus puissants. "La vitesse des vents et le niveau des précipitations pourraient augmenter", dit-il.

La conférence de Varsovie prendra fin le 22 novembre. Ses objectifs sont modestes.

RAPPORT DU GIEC

"On ne peut attendre un accord ambitieux qui résoudra les problèmes d'un seul coup", résume Elliot Diringer, directeur exécutif du Centre pour le Climat et les Solutions énergétiques, un groupe de réflexion américain.

Parrainée par les Nations unies, la réunion doit permettre de faire avancer les discussions en vue d'aboutir en 2015 à un accord, applicable cinq ans plus tard, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Cet engagement a été formulé il y a deux ans à Durban, mais les négociations n'ont rien donné jusqu'ici. L'accord de 2015 succéderait au protocole de Kyoto, signé en 1997 et prolongé jusqu'en 2020 l'an dernier lors de la conférence de Doha.

Les discussions semblent s'orienter vers un accord qui ne limiterait pas la hausse des émissions mais servirait de guide pour des mesures plus sévères dans les années ultérieures.

La conférence se tient un mois et demi après la publication d'un rapport du Giec qui désigne encore plus clairement l'homme comme le principal responsable du réchauffement. (voir [IDl:nL5N0HN0L7])

Ce rapport prévoit une hausse des températures comprise entre 0,3 et 4,8°C d'ici la fin du XXIe siècle, ainsi qu'une hausse de 26 à 82 cm du niveau des mers sur la même période, tout en minimisant le ralentissement du réchauffement, observé depuis le début des années 2000.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui dépend des Nations unies, a prévenu récemment que les émissions de gaz à effet de serre avaient atteint un niveau sans précédent en 2012, et qu'il était de moins en moins envisageable d'atteindre l'objectif fixé à Copenhague en 2009 de limiter le réchauffement climatique à une hausse de deux degrés Celsius d'ici 2050.

Mais depuis la crise financière de 2008, les pays développés sont préoccupés avant tout par la relance de la machine économique plutôt que par l'investissement dans les énergies renouvelables, d'autant que le ralentissement de la croissance a - au moins temporairement - réduit les émissions de gaz à effet de serre dans de nombreux pays. (Avec Agnieszka Barteczko, Ilze Filks, Julien Dury, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)