par Jeff Mason

WASHINGTON, 20 janvier (Reuters) - L'investiture de Barack Obama pour un second mandat à la Maison blanche n'aura pas l'aspect historique de la cérémonie de 2009 mais elle sera l'occasion pour le président américain d'affirmer ses priorités et d'appeler l'Amérique à surmonter ses divisions.

En raison d'une particularité du calendrier, Barack Obama va prêter serment à deux reprises, dimanche à 11h55 heure de Washington (16h55 GMT) lors d'une cérémonie privée ouverte à quelques médias et lundi en public.

Depuis un siècle, la tradition veut en effet que lorsqu'un 20 janvier tombe un dimanche, le président est formellement investi ce jour, puis récite à nouveau le serment présidentiel le lendemain au Capitole.

Huit cent mille personnes sont attendues pour écouter son discours. Ils étaient 1,8 million il y a quatre ans, attirés par l'espoir incarné par ce jeune sénateur démocrate élu premier président afro-américain de l'histoire des Etats-Unis.

Les difficultés économiques, le chômage élevé, les querelles partisanes sur le budget, ont créé des désillusions et les attentes seront forcément moindres pour son deuxième discours d'investiture.

A de rares exceptions près, comme les dernières lignes du discours d'Abraham Lincoln appelant à une "paix durable" en 1865, neuf semaines avant la fin de la Guerre de sécession et six semaines avant son assassinat, les discours de second mandat marquent rarement l'Histoire de leur empreinte.

En 1985, il faisait -13° Celsius à Washington pour la deuxième prestation de serment de Ronald Reagan, les cérémonies avaient dû se dérouler à l'intérieur et les gros titres de la presse le lendemain se focalisèrent sur la météo.

En 2005, le discours de George Bush Jr attira moitié moins de téléspectateurs que son discours inaugural de 2001.

Réélu le 6 novembre, Barack Obama devrait insister sur le besoin de parvenir à des compromis politiques, alors que démocrates et républicains s'écharpent sur la question du relèvement du plafond de la dette et des dépenses publiques.

QUELLES PRIORITÉS?

Selon un responsable de son administration, le président devrait faire valoir que les valeurs des pères fondateurs de l'Amérique ont encore un sens au XXIe siècle et encourager les Américains à faire entendre leurs voix pour influencer les décisions du législateur.

Il devrait également évoquer les dossiers auxquels il compte s'attaquer lors de ces quatre prochaines années, tout en réservant ses propositions plus détaillées à son discours sur l'état de l'Union, prononcé devant le Congrès le 12 février.

La réduction des déficits, le contrôle des armes à feu, la réforme de l'immigration et la politique énergétique seront probablement les priorités affichées par le président démocrate.

"Il estime que nous avons du travail à faire, et il est convaincu que l'agenda qu'il a déjà proposé et celui qu'il proposera dans le futur aideront ce pays à aller de l'avant", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche Jay Carney cette semaine à la presse.

Le président et son épouse ont lancé le marathon de l'investiture dès samedi en participant à des travaux bénévoles effectués dans tout le pays en hommage à Martin Luther King. Le jour férié en l'honneur du célèbre pasteur, célébré chaque troisième lundi de janvier aux Etats-Unis, coïncidera avec la cérémonie publique d'investiture.

La prestation de serment en privé à la Maison blanche sera précédée dimanche d'un dépôt de gerbe au cimetière national d'Arlington.

Barack Obama sera investi par le président de la Cour suprême John Roberts qui avait inversé un mot en lisant le texte il y a quatre ans, obligeant le président démocrate à répéter le serment en privé pour éviter toute contestation du caractère constitutionnel de son investiture.

Lundi, à l'issue de son discours d'investiture, Barack Obama et son épouse Michelle rejoindront le vice-président Joe Biden et son épouse Jill pour un déjeuner au Capitole.

Les deux couples participeront ensuite au traditionnel défilé et les Obama inaugureront ensuite deux bals officiels devant les caméras. L'essentiel des commentaires devrait alors porter sur la tenue de la "first lady". (Avec Samuel P. Jacobs; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)