par Alister Bull et Jeff Mason

Décrit par ses opposants comme un dépensier prompt à augmenter la pression fiscale, le locataire de la Maison blanche doit convaincre les électeurs, les investisseurs et les créanciers des Etats-Unis, au premier rang desquels la Chine, de sa capacité à reprendre le contrôle des finances publiques.

"Nous ne pourrons pas réduire ce déficit du jour au lendemain car la reprise n'est pas encore généralisée", a-t-il dit en présentant son projet de budget pour l'exercice 2011, qui débutera le 1er octobre.

"Nous allons continuer, par exemple, de faire ce qu'il faut pour créer des emplois. Cela se reflète dans mon budget. C'est essentiel", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée.

Le projet de budget, d'un montant global de 3.800 milliards de dollars, prévoit un déficit budgétaire de 1.560 milliards (1.121 milliards d'euros) cette année, l'équivalent de 10,6% du produit intérieur brut (PIB).

L'augmentation du déficit est due en partie aux dépenses associées aux mesures économiques anti-crise adoptées l'an dernier. Le projet prolonge ou complète certaines d'entre elles puisqu'il prévoit au total 100 milliards de dollars de crédits censés favoriser la création d'emplois.

Parallèlement, l'administration Obama entend réaliser des économies à partir de 2011, ce qui devrait se traduire par l'abandon de quelque 120 projets, parmi lesquels le très emblématique programme "Constellation" qui devait relancer les voyages vers la Lune d'ici 2020.

La Maison blanche entend aussi augmenter les crédits de l'éducation et de la recherche.

Les Républicains ont feint d'ignorer cette volonté de rigueur pour dénoncer la gestion de la crise et des finances publiques par le président.

LE "BOURBIER" DE LA DETTE

Le sénateur Judd Gregg, principal membre du "Grand Old Party" au sein de la commission du Budget au Sénat, a ainsi jugé que le pays s'enfonçait dans un "bourbier" de dettes et que le plan de relance de l'administration Obama n'était pas parvenu à relancer le marché du travail.

Les marchés financiers n'ont guère réagi à la présentation du projet de budget, accueilli avec un certain scepticisme par nombre d'analystes.

"Je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit là-dedans qui crée des emplois et je n'ai pas une grande confiance dans la mise en oeuvre de ces réductions de dépenses", a ainsi déclaré Peter Boockvar, stratège actions de Miller Tabak & Co, à New York.

Le projet de budget élaboré par la Maison blanche va être décortiqué pendant de longs mois par le Congrès, qui pourrait le modifier de manière substantielle. Les débats risquent d'être compliqués par l'approche des élections de mi-mandat en novembre pour renouveler les 435 sièges de la Chambre des représentants et plus d'un tiers du Sénat.

Les enquêtes d'opinion montrent que les électeurs sont préoccupés par la détérioration des finances publiques.

Sur l'exercice 2009, le déficit budgétaire a atteint 1.410 milliards de dollars, soit 9,9% du PIB. Il devrait revenir à 1.270 milliards en 2011, l'équivalent de 8,3% du PIB et d'un tiers environ du total des dépenses publiques prévues.

La Maison blanche prévoit de ramener le ratio déficit/PIB à 5,1% en 2012, dernière année du mandat de Barack Obama. La dette publique devrait atteindre 70,8% du PIB cette année-là, contre 53% seulement en 2009.

Cet assainissement serait à mettre pour une bonne part au crédit d'une croissance soutenue: l'administration prévoit une hausse de 2,7% du PIB en 2010, de 3,8% en 2011 et de plus de 4% pour les trois années suivantes.

Le projet de budget anticipe néanmoins le maintien d'un chômage relativement élevé, qui ne redescendrait qu'à 8,2% en 2012 contre 10% cette année. L'inflation, elle, devrait rester modérée, permettant une hausse limitée des taux d'intérêt.

Pour favoriser l'emploi, Barack Obama prévoit 100 milliards de dollars de crédits d'impôts destinés aux petites et moyennes entreprises en 2010, ainsi que des investissements dans les énergies "propres" et les infrastructures.

Version française Jean-Philippe Lefief, Grégory Blachier et Marc Angrand, édité par Dominique Rodriguez