(Actualisé avec citation, réactions, expert)

par Susan Heavey et Mark Felsenthal

WASHINGTON, 7 août (Reuters) - Barack Obama a annulé la rencontre bilatérale qu'il devait avoir avec Vladimir Poutine en septembre à Moscou en raison notamment de la "décision décevante" de la Russie d'accorder l'asile à Edward Snowden, a annoncé mercredi la Maison blanche.

Avec cette décision soudaine, saluée aussi bien dans le camp démocrate que par ses adversaires républicains, le président américain entérine publiquement la dégradation des relations entre les Etats-Unis et la Russie malgré sa volonté initiale de relancer la coopération entre les deux pays.

"A la suite d'un examen attentif commencé en juillet, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'y avait pas eu suffisamment de progrès récemment dans notre programme bilatéral avec la Russie pour organiser un sommet Etats-Unis-Russie début septembre", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney, dans un communiqué.

La Russie est "déçue" par l'annulation de ce sommet, a réagi le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, tout en soulignant que l'invitation adressée à Barack Obama demeurait valable.

Mardi soir, invité sur NBC, le président américain a confirmé qu'il se rendrait au sommet du G20 début septembre à Saint-Pétersbourg, sans évoquer la possibilité d'un tête-à-tête avec son homologue russe avant ce sommet.

Reprochant à la Russie de "retomber parfois dans une mentalité de Guerre froide", il s'est dans le même temps dit "déçu" de l'asile temporaire accordé par Moscou à Edward Snowden. Ce dernier, ancien consultant des services secrets américains, est à l'origine des révélations sur la vaste surveillance des télécommunications à travers le monde par le renseignement américain.

Les Etats-Unis réclament Edward Snowden afin de l'inculper pour divers motifs, dont espionnage.

TÊTE-À-TÊTE GLACIAL

Dans son communiqué, la Maison blanche salue la coopération entre les Etats-Unis et la Russie dans divers domaines mais regrette la faiblesse des progrès sur plusieurs autres questions et évoque également le cas d'Edward Snowden pour justifier l'annulation de ce sommet.

"La décision décevante de la Russie d'accorder un asile provisoire à Edward Snowden est aussi un facteur qui a été pris en compte pour évaluer l'état actuel de notre relation bilatérale", dit Jay Carney.

Pour Andrew Weiss, spécialiste de la Russie au Carnegie Endowment for International Peace, les différends entre les Etats-Unis et la Russie vont bien au-delà du simple cas Snowden.

"Le véritable problème, c'est que la relation américano-russe est au point mort depuis 2011", souligne cet expert. "Snowden constitue le point de friction évident et mobilise l'attention. Mais la relation se détériore depuis un moment déjà."

Les rencontres entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des deux pays prévues vendredi à Washington sont en revanche maintenues. "Notre coopération sur ces questions demeure une priorité pour les Etats-Unis", souligne Jay Carney.

Après son élection en 2008, Barack Obama avait pour objectif de remettre à plat ("reset") les relations avec la Russie. Cette ambition s'est heurtée aux tensions persistantes entre les deux pays, notamment depuis le retour au Kremlin de Vladimir Poutine au printemps 2012.

Le dernier tête-à-tête entre les deux hommes, en juin en Irlande du Nord, a été glacial, notamment en raison de leurs désaccords sur la Syrie et la question des droits de l'homme en Russie.

Le sommet du G20 est programmé les 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg.

En raison de l'annulation de sa rencontre avec Vladimir Poutine, Barack Obama effectuera une étape en Suède le 4 septembre. (Avec Susan Cornwell; Henri-Pierre André et Bertrand Boucey pour le service français)