ISTANBUL, 21 janvier (Reuters) - Le gouvernement turc a muté mardi une centaine de procureurs et magistrats, nouvelle étape dans la purge de l'appareil judiciaire ordonnée par Recep Tayyip Erdogan à la suite d'un scandale de corruption visant des proches du Premier ministre.

Recep Tayyip Erdogan a déjà fait licencier des milliers de policiers, des dizaines de procureurs et certains responsables de la télévision qu'il soupçonne d'être impliqués dans un complot destiné à le faire chuter par le biais de cette enquête pour corruption dont l'existence a été révélée à la mi-décembre.

Le gouvernement a repris en main ce mois-ci l'organe chargé des nominations au sein de la justice, le Conseil supérieur des juges et procureurs (HSYK), dirigé désormais par le ministre de la Justice.

Parmi les magistrats visés mardi figure un juge de la haute cour d'assises d'Istanbul chargé du procès du complot présumé contre le pouvoir impliquant des officiers à la retraite il y a une dizaine d'années, sous le nom d'opération "Masse".

Des procureurs de la ville de Diyarbakir (sud-est), où la police a lancé des raids contre des militants présumés d'Al Qaïda, et un procureur d'Izmir (ouest), où des arrestations ont été effectuées dans le cadre de l'enquête pour corruption, ont également été mutés.

Erdogan soupçonne le vaste scandale de corruption, qui a provoqué la démission de trois ministres et abouti à l'incarcération d'hommes d'affaires proches du gouvernement, d'être orchestré par Fethullah Gülen, un prédicateur installé aux Etats-Unis exerçant une forte influence au sein de la police et de la justice.

L'enquête ouverte par la justice viserait des allégations de corruption en marge de grands projets de BTP et du commerce d'or avec l'Iran mais les détails des chefs d'inculpation n'ont pas été rendus publics. (Seda Sezer; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)