Toutefois, les investisseurs attendent d'en savoir plus sur cette "formule", dont le Premier ministre n'a fourni aucun détails jeudi, à l'issue d'une réunion de crise avec le président Anibal Cavaco Silva.

Le rendement de la dette portugaise à 10 ans retombe de 32 points de base (pdb) à 7,08% vers 9h40 GMT, après avoir brièvement franchi la barre des 8% cette semaine.

De même, le rendement à deux ans perd 40 pdb à 5,63%, rattrapant une partie de sa sous-performance constatée cette semaine par rapport à des échéances plus lointaines.

"(Les rendements retombent) du fait que le Premier ministre pense qu'il a le soutien de son partenaire de la coalition (gouvernementale)", a déclaré un trader.

"Je ne m'attends pas à ce que l'hémorragie à laquelle nous avons assisté sur les marchés obligataires portugais se prolonge dans la mesure où la (demande de) démission du ministre des Affaires étrangères semble être un cas isolé au sein de son parti", ajoute Mathias van der Jeugt, stratège chez KBC.

La démission, lundi, du ministre des Finances Vitor Gaspar puis, celle, refusée par le Premier ministre, du chef de la diplomatie Paulo Portas, ont mis en grandes difficultés l'actuelle coalition au pouvoir, une situation qui a fait craindre une résurgence de la crise de la dette de la zone euro.

Paulo Portas préside le Parti populaire (CDS-PP), la plus petite et la plus à droite des deux formations qui composent le gouvernement. Le CDS-PP, qui compte deux autres ministres au gouvernement, a déclaré que ces derniers ne démissionneraient pas pour l'instant. Si le CDS-PP cessait de soutenir le Premier ministre, ce dernier perdrait sa majorité au Parlement.

Le président du Portugal a averti vendredi en fin de matinée des conséquences négatives en cas d'impossibilité du pays à se refinancer à nouveau sur les marchés en 2014, comme prévu, en raison de facteurs extérieurs ou de politique intérieure.

"L'incapacité à revenir sur les marchés en 2014 pourrait même venir de la réticence de la troïka à boucler de façon positive le plan de sauvetage", a-t-il dit à la presse.

Les analystes estiment également que la crise politique qui frappe le pays depuis la démission du ministre des Finances lundi pourrait perturber le bon déroulement du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé à Lisbonne par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI).

Plus globalement, l'engagement inattendue de la Banque centrale européenne à maintenir les taux à des niveaux très bas pour une période prolongée contribue à une détente sur les taux des pays dit de la "périphérie" de la zone euro.

Emelia Sithole-Matarise à Londres, Sergio Goncalves et Daniel Alvarenga à Lisbonne; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten