par Polina Devitt et Aleksandras Budrys

Vladimir Potanine est l'un des principaux actionnaires de Norilsk, leader mondial du nickel et du palladium, avec 25% du capital détenu via son véhicule d'investissement Interros. Il s'efforce de limiter l'influence exercée sur le groupe par son rival Oleg Deripaska.

Ce dernier est l'actionnaire majoritaire de Rusal, leader mondial de l'aluminium, qui détient 25% de Norilsk. Il a récemment rejeté une offre de Norilsk, qui souhaitait lui racheter ces 25%.

Face à ce refus, le groupe de nickel souhaite désormais racheter jusqu'à 6,2% de ses actions au prix unitaire de 252 dollars, soit une prime de 6% par rapport au marché.

Rusal a dénoncé dans cette offre de rachat un "grossier chantage d'entreprise", mais les analystes estime que l'aluminier pourrait attendre une meilleure offre, qui selon eux pourrait être formulée l'année prochaine.

"Ils doivent trouver une issue. Nous pensons qu'au premier semestre 2011, Norilsk aura réussi à racheter les parts de Rusal", a commenté Olga Okuneva, analyste pour la Deutsche Bank.

De source proche des actionnaires de Norilsk, on indiquait à Reuters que le groupe était prêt à relever l'offre soumise à Rusal de 12 à 14 milliards de dollars. Oleg Deripaska exige 16 milliards de dollars.

Les analystes estiment que ce dernier a payé 14 milliards de dollars en 2008 pour acquérir ses parts, en versant 7,2 milliards de dollars en numéraire et 14% de Rusal.

L'annonce que Norilsk souhaitait racheter les parts détenues par Oleg Deripaska a fait monter ce mois-ci le titre Rusal. Un accord permettrait d'effacer l'endettement net de Rusal, qui se chiffre à 11,8 milliards de dollars.

La joute entre les deux groupes affecte également leur gestion. En plus de refuser un rachat de ses actions, le conseil d'administration de Rusal a fait obstacle mardi au budget 2011 de Norilsk, à sa stratégie à long terme et à la cession de l'électricien OGK-3 dans le cadre d'une transaction toute en actions.

"Personne ne permettra (à Interros et ses dirigeants) de prendre ainsi le contrôle de l'entreprise. Ni nous, ni les autres actionnaires", a assuré mercredi Oleg Deripaska.

Gregory Schwartz pour le service français