PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en nette baisse vendredi dans le sillage de la clôture de Wall Street, plombée par le secteur bancaire après les déboires de SVB Financial Group, tandis que l'imminence de la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis n'incite guère à la prise de risque.

Les contrats à terme sur indices suggèrent un recul de 1,51% pour le Dax à Francfort, de 1,39% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,82% pour l'EuroStoxx 50. Quant au CAC 40 à Paris, il pourrait refluer de 1,6% selon les premières indications disponibles.

Après la banque spécialisée dans les cryptomonnaies Silvergate Capital, qui a annoncé mercredi soir son intention de mettre fin à ses activités, les investisseurs ont été surpris jeudi soir par les difficultés de Silicon Valley Bank, filiale de SVB Financial Group, qui a lancé en catastrophe une augmentation de capital pour faire face à un risque de liquidités, alimentant le spectre de graves tensions sur le système bancaire.

"Je pense qu'il y a des spéculations selon lesquelles il y a des problèmes plus larges au sein du système bancaire américain", a déclaré Rob Carnell, économiste chez ING.

Sur le plan macroéconomique, les investisseurs attendent à 13h30 GMT les données du département américain du Travail sur l'emploi pour le mois de février et une possible révision de la statistique de janvier qui avait été nettement supérieure aux attentes, faisant redouter un resserrement monétaire prolongé.

Le consensus Reuters prévoit pour février 200.000 créations d'emplois après 517.000 en janvier, un taux de chômage stable à 3,4% et un salaire horaire moyen en hausse de 0,3% sur un mois, comme en janvier, mais à un rythme plus soutenu sur un an (+4,7% contre +4,4%).

Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré au début de la semaine, lors de son audition devant le Congrès, que l'ampleur de la hausse des taux d'intérêt pour la réunion des 21 et 22 mars n'avait pas encore été décidée et que cela dépendrait des données reçues jusqu'à cette date.

En Europe, où la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) est prévue le 16 mars, les investisseurs prendront connaissance à 07h00 GMT des chiffres définitifs de l'inflation allemande pour le mois de février avant ceux de l'ensemble de la zone euro vendredi prochain.

La dernière enquête Reuters prévoit que le taux de dépôt de la BCE devrait culminer à 3,75%, un niveau plus élevé que le pic de 3,25% anticipé dans l'enquête de février.

A WALL STREET

La Bourse de New York a fini en nette baisse jeudi, sous l'effet du repli du secteur bancaire et des craintes sur les taux d'intérêt.

L'indice Dow Jones a cédé 1,66%, ou 543,54 points, à 32.254,86 points.

Le S&P-500, plus large, a perdu 73,69 points, soit 1,85%, à 3.918,32 points.

Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 237,65 points (2,05%) à 11.338,36 points.

Le secteur bancaire du S&P-500 a reculé de 6,6%, à son plus faible niveau depuis octobre dernier, les investisseurs lui ayant tourné le dos après que SVB Financial Group (-60%) a lancé une cession d'actions afin de renflouer sa trésorerie. J.P. Morgan Chase & Co a perdu 5,4% et Citigroup 4,1%.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini en repli de 1,67% à 28.143,97 points et le Topix, plus large, a cédé 1,91% à 2.031,58 points.

La Banque du Japon (BoJ) a laissé vendredi sa politique monétaire inchangée avec un objectif des taux à court terme à -0,1%, alors que son gouverneur, Haruhiko Kuroda, doit quitter ses fonctions au mois d'avril.

En Chine, le SSE Composite de Shanghaï abandonne 1,1% et le CSI 300 perd 1,01%, alors que le président chinois Xi Jinping a obtenu du Parlement un troisième mandat historique de cinq ans à la tête du pays.

TAUX

Les rendements obligataires américains reculent fortement dans le sillage de la publication de données montrant un record en cinq mois du nombre hebdomadaire d'inscriptions au chômage aux Etats-Unis: celui du dix ans abandonne 10,1 points de base, à 3,82%, et le deux ans 11,2 points, à 4,78%.

La probabilité d'un relèvement de 50 points de base des taux de la Fed ce mois-ci a reflué à 50% contre près de 70% avant ces nouvelles données.

Au Japon, le rendement des JGB à dix ans est tombé en séance à 0,391% après la décision de la BoJ de ne pas modifier sa politique de contrôle de la courbe des taux (YCC) avant l'entrée en fonction de Kazuo Ueda, qui succédera le mois prochain l'actuel gouverneur, Haruhiko Kuroda.

CHANGES

Le dollar est stable (+0,07%) face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro se négocie à 1,058 (0,01%) après les chiffres inattendus des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis.

La monnaie japonaise se traite à 136,83 yens pour un dollar, pénalisée par le statu quo décidé par la BoJ.

PÉTROLE

Les cours du pétrole reculent pour la quatrième séance d'affilée, s'acheminant vers leur plus forte baisse hebdomadaire en cinq semaines dans la perspective d'une hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis qui pourrait peser sur la demande.

Le Brent abandonne 0,45% à 81,22 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,71% à 75,18 dollars.

Les deux références du pétrole pourraient perdre plus de 5,5% cette semaine, ce qui serait leur plus important repli depuis début février.

(Rédigé Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

par Claude Chendjou