Natixis AM pointe le risque que fait planer un "Grexit" sur la construction européenne
"Le processus de négociations ne pourrait pas reprendre et la porte entrouverte se refermerait. La BCE n'aurait plus alors de raison de refinancer le système bancaire grec puisque le cadre qui définissait cette opération est forclos", détaille Philippe Waechter.
Pour la Grèce, la conséquence immédiate d'une telle décision serait la création d'une nouvelle monnaie qui "verrait sa valeur se réduire de 60 à 80 % par rapport à l'euro." Cette échéance inciterait les épargnants grecs à retirer leurs liquidités des banques, précipitant ainsi la récession de leur économie.
"Pour la zone Euro, la situation n'est pas forcément simple non plus en cas de "non"", ajoute Philippe Waechter, qui identifie trois conséquences pour la construction européenne.
D'abord, "une sortie de la Grèce créerait un précédent. La construction européenne devient, de fait, réversible. Cela impliquerait que d'autres membres de la zone pourraient, via un référendum, trouver l'opportunité d'une sortie." Ensuite, la zone s'exposerait à un "risque de contagion avec la possibilité de voir apparaître des primes de risques vis-à-vis des pays appréhendés comme risqués." Enfin, un Grexit fera naitre une incertitude "sur la conjoncture économique".
Plus fondamentalement, "le changement majeur, en cas de sortie de la Grèce, est une rupture dans la construction européenne. Outre la réversibilité susceptible d'engendrer davantage d'incertitude, il est clair que la hiérarchie des priorités a changé", assure Philippe Waechter. Le gérant estime que la possibilité pour un pays de quitter le "cadre unifié" de la zone euro va empêcher tout approfondissement politique de la construction européenne. "Il faudrait la manifestation rapide d'une volonté politique forte pour inverser cette perception", conclut le gérant.