PARIS, 15 avril (Reuters) - Marine Le Pen a invité vendredi les Français à ne pas avoir peur de la porter à la présidence de la République face aux "anathèmes" lancés à son encontre en vue du second tour de l'élection présidentielle le 24 avril.

Alors que les appels à voter en faveur du président sortant Emmanuel Macron, ou au moins à ne pas apporter sa voix à la candidate du Rassemblement national, se multiplient depuis le premier tour dimanche, Marine Le Pen a revendiqué sur BFM et RMC le droit de proposer une "pensée différente" et s'est engagée à "faire vivre à nouveau" les principes de la Ve République.

Les sportifs, artistes ou responsables politiques, notamment les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui appellent à l'empêcher d'accéder à l'Elysée sont "ceux qui en réalité ont le plus bénéficié de la politique d'Emmanuel Macron, c'est tout ce que je dénonce", a dit Marine Le Pen.

"Aujourd'hui, ce n'est pas le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple comme c'est exigé dans la Constitution française. C'est le gouvernement par un petit nombre pour un petit nombre. C'est un choix. Certains bénéficient de la mondialisation sauvage, ils y vivent très bien et puis je crois qu'il y a l'immense majorité du peuple français qui en vit en réalité très mal et c'est à cette immense majorité du peuple français que je viens dire 'défendez vos propres intérêts, n'ayez pas peur de toute cette agitation, de ces anathèmes'", a-t-elle ajouté.

"Dans une démocratie, (...) on se confronte sur les idées, sur le projet, moi c'est ça que je souhaite faire (...) On a le droit (...) d'avoir une pensée qui est différente."

Interrogée plus précisément sur l'absence d'appels à voter en sa faveur en provenance de la société civile, en particulier dans le monde rural, Marine Le Pen a évoqué l'hypothèse d'une France silencieuse craignant de faire entendre sa voix.

"Je pense que dans notre pays, il y a beaucoup de gens qui s'expriment avec une forme de crainte à l'égard du pouvoir (...) Je pense qu'ils se disent qu'ils pourraient éventuellement s'ils prenaient une position inverse se le voir reprocher", a-t-elle dit, n'excluant pas chez ces personnes la crainte de "représailles".

Evoquant les TPE-PME, dont elle affirme que dans son programme, "tout est fait" pour elles, Marine Le Pen a ajouté: "Je pense qu'il y a une forme de révérence à l'égard du pouvoir, peut-être de crainte par rapport au pouvoir qui est en situation."

"Est-ce que c'est moi qui leur fais peur, ou est-ce que c'est le pouvoir en place, ça je ne sais pas. Tout ce que je veux leur dire, c'est que je veux les rassurer." (Rédigé par Bertrand Boucey, édité par Nicolas Delame et Jean-Michel Bélot)