ROME, 27 janvier (Reuters) - Silvio Berlusconi s'est attiré les foudres de la classe politique italienne en se faisant dimanche l'avocat de Benito Mussolini en marge d'une cérémonie d'hommages aux victimes de la Shoah à Milan.

"Il est difficile aujourd'hui de s'imaginer dans les bottes de ceux qui prenaient les décisions à l'époque", a fait valoir l'ancien président du Conseil en campagne pour les législatives des 24 et 25 février.

"Evidemment, le gouvernement de l'époque, craignant que la puissance allemande ne mène à la victoire totale, a préféré s'allier avec l'Allemagne d'Hitler plutôt que de s'opposer à elle. Dans le cadre de cette alliance, des choses ont été imposée, notamment la persécution et l'extermination des juifs", a-t-il poursuivi, s'adressant à la presse.

"Les lois raciales ont été la plus grande erreur de Mussolini (...), qui a fait beaucoup de bonnes choses dans d'autres domaines."

Le Parti démocrate, en tête des intentions des vote, a jugé ses propos "écoeurants".

"Notre république est fondée sur la lutte contre le fascisme nazi et ce sont des remarques intolérables qui sont incompatibles avec la direction de forces politiques démocratiques", s'est indigné Marco Meloni, porte-parole du mouvement pour les affaires institutionnelles.

Silvio Berlusconi est "une honte pour l'Italie", a renchéri Antonio Ingroia, ancien juge antimafia désormais à la tête de la liste de gauche Révolution civile.

L'ancien chef du gouvernement avait déjà pris la défense du "Duce", dont l'image reste très mitigée en Italie, 67 ans après sa mort.

De nombreux responsables politiques de la péninsule sont issus des rangs du Mouvement social italien (MSI), formé après l'interdiction du Parti national fasciste. C'est notamment le cas de Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés, qui a toutefois rompu comme beaucoup avec l'extrême droite.

Certains, comme Francesco Storace, candidat à la présidence du Latium sur la liste de Silvio Berlusconi, continuent toutefois à se réclamer de la "droite sociale" chère aux fascistes. (James Mackenzie, Jean-Philippe Lefief pour le service français)