MOSCOU, 7 décembre (Reuters) - Le Kremlin a coupé court samedi à des rumeurs d'accord russo-ukrainien sur le gaz et l'union douanière, au lendemain d'un entretien entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Ianoukovitch.

"Aucun accord définitif n'a été conclu", a déclaré le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, à propos de cette rencontre de Sotchi où les deux hommes d'Etat ont parlé de "coopération dans le domaine de l'énergie".

Dmitri Peskov a ajouté que Poutine et Ianoukovitch avaient arrêté à la date du 17 décembre une rencontre entre leurs deux gouvernements à Moscou.

"Les discussions sur toutes ces questions se poursuivront au niveau des experts dans un proche avenir", a dit le porte-parole.

Dmitri Peskov répondait à des spéculations selon lesquelles Viktor Ianoukovitch aurait déjà accepté que l'Ukraine intègre l'union douanière créée en 2010 entre la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. En échange, le prix du gaz russe acheté par l'Ukraine serait réduit de moitié et Kiev, en grande difficulté financière, recevrait une aide de Moscou.

Selon des analystes, l'Ukraine doit trouver plus de 12 milliards d'euros l'an prochain pour honorer ses dettes et ses factures de gaz, soit à peu près l'équivalent des réserves détenues par la Banque nationale d'Ukraine, la banque centrale.

La conclusion d'un accord entre Moscou et Kiev pourrait renforcer le mouvement de contestation déclenché par la décision ukrainienne de ne pas signer un accord d'association et de libre-échange avec l'Union européenne à la fin novembre.

Quelque 350.000 partisans du rapprochement avec l'Europe ont manifesté dimanche dernier à Kiev et les chefs de l'opposition, qui demandent la démission du gouvernement et la tenue d'élections anticipées, ont appelé à une nouvelle grande manifestation dimanche dans le centre de la capitale.

Des opposants se relaient en permanence sur la place de l'Indépendance et d'autres occupent l'Hôtel de ville au mépris des mises en garde de la police, qui menace d'intervenir à tout moment avec la plus grande fermeté.

Les forces de l'ordre se sont déployées samedi matin devant le siège de la télévision publique dans la capitale, rapporte l'agence russe Interfax.

Ancien ministre de l'Economie rallié à l'opposition, Arseni Iatseniouk a prévenu que la contestation gagnerait de l'ampleur si Viktor Ianoukovitch entraînait l'Ukraine dans l'union douanière créée par la Russie, comme l'en presse Vladimir Poutine. (Alexei Anishchuk à Moscou, Matt Robinson et Natalia Zinets à Kiev; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)