New York (awp/afp) - L'agence de notation Moody's, craignant une nouvelle détérioration des finances de l'Afrique du Sud, a annoncé vendredi s'attendre à moyen terme à une éventuelle dégradation de la note de la première puissance industrielle du continent en catégorie spéculative.

L'agence a pour l'instant maintenu la note d'endettement du pays à "Baa3", soit juste un cran au-dessus de la catégorie des émetteurs pouvant faire face à leurs engagements mais présentant des caractéristiques spéculatives. Mais elle a abaissé la perspective d'évolution de sa note d'endettement de "stable" à "négative".

Les agences S&P Global Ratings et Fitch ont déjà dégradé en 2017 l'Afrique du Sud dans la catégorie spéculative. Une telle décision tend à augmenter le coût des emprunts pour l'Etat, les investisseurs exigeant des taux de remboursement plus élevés.

L'abaissement de perspective dévoilé vendredi par Moody's "reflète le risque réel que le gouvernement ne parvienne pas à enrayer la détérioration de ses finances grâce à une relance de la croissance économique et aux mesures d'assainissement des finances publiques", souligne l'agence dans un communiqué.

"Alors que le taux de chômage élevé, l'inégalité des revenus et les défis sociaux et politiques qu'ils impliquent pour les décideurs sont des caractéristiques de longue date en Afrique du Sud, les obstacles qu'ils posent à l'ambition du gouvernement dans ses projets d'accélérer la croissance potentielle et de limiter les déficits budgétaires se révèlent plus sévères que prévu il y a un an", ajoute l'agence.

Au pouvoir depuis début 2018, le président Cyril Ramaphosa répète depuis sa volonté de relancer la machine économique du pays, de créer des emplois et d'attirer de nouveaux investissements étrangers, jusque-là sans grand résultat.

La croissance de l'Afrique du Sud reste désespérément molle depuis la crise financière mondiale de 2008 et le pays affiche un taux de chômage de 29% (plus de 50% chez les jeunes).

Moody's met aussi en avant les "tensions financières aiguës" affectant les entreprises d'État, en particulier le géant public de l'électricité Eskom qui "continue de requérir un soutien important de la part du gouvernement".

Pretoria a d'ailleurs dévoilé mardi un nouveau plan de sauvetage d'Eskom, qui fournit 95% de l'électricité produite dans le pays mais croule sous une dette abyssale de 26 milliards d'euros.

Dans un communiqué samedi, le gouvernement a pris note, "le coeur lourd", de la position de Moody's.

Il s'est dit "parfaitement conscient que des réformes à court et moyen terme étaient nécessaires d'urgence pour améliorer les performances économiques au cours des prochaine années".

"Il est temps désormais, chers concitoyens sud-africains, de relever les manches et de faire ce que nous devons faire", a estimé le ministre des Finances Tito Mboweni. "C'est maintenant ou jamais."

Pour le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), la décision de Moody's est "un autre grave avertissement des dangers qui nous attendent si on n'adopte pas de réformes urgentes".

"Des coûts d'emprunt plus élevés rendent les investissements plus compliqués, ralentissant du coup la croissance. C'est une combinaison fatale pour l'emploi", a-t-il mis en garde.

afp/rp