Dans un pays qui adore les controverses, les rédacteurs exceptionnels réunis aujourd'hui par « Les Echos » s'accordent au moins sur trois points : sans compétitivité, pas de croissance ; sans croissance, pas assez d'emplois ; la compétitivité actuelle des entreprises françaises est insuffisante. Il nous faut donc réformer en profondeur, tracer un cap, le faire dans la justice, sans croire qu'on peut changer en seulement deux ans des règles et des habitudes périmées. C'est à cette tâche d'intérêt général que doivent se consacrer ceux qui gouvernent ou aspirent à le faire.

Les difficultés rencontrées et les efforts nécessaires pour les surmonter ne font pas pour autant de la France une nation en déclin. Déclin pour la cinquième économie de la planète, membre permanent du Conseil de sécurité, puissance diplomatique, militaire et technologique mondiale ? Déclin pour un pays qui, en cette année 2014, obtient à la fois la médaille Fields de mathématiques, le prix Nobel d'économie et celui de littérature ? Allons donc !

Les praticiens du « french bashing » répliqueront sans doute que ces récompenses ne sont qu'une coïncidence heureuse. Je ne suis pas d'accord : elles illustrent le rayonnement et la spécificité de la France.

Depuis 2012, j'effectue à la tête de notre diplomatie l'équivalent kilométrique d'un tour du monde chaque mois. Je constate que notre pays demeure partout une nation attendue et entendue. Dire cela, ce n'est faire preuve ni d'aveuglement ni d'arrogance. C'est constater une réalité que les Français eux-mêmes perdent parfois de vue et combattre la « francinistrose », cette étrange inclination à nous déprécier nous-mêmes, à ne pas assez croire en nous.

Courte liste, au demeurant incomplète, de ce que bien des pays nous envient : notre démographie ; nos infrastructures ; nos établissements d'enseignement supérieur ; une main-d'oeuvre qualifiée et productive ; nos grandes entreprises et nos marques leaders ; des institutions stables et une administration compétente ; un système de santé performant ; une histoire, une langue et une offre culturelle magnifiques ; un patrimoine et un art de vivre qui séduisent très au-delà de nos frontières. Tous ces atouts n'éliminent pas nos lacunes, mais ils sont considérables.

Si je devais choisir un terme pour résumer notre pays, ce serait « créativité ». Créativité de nos chercheurs, ingénieurs, étudiants, artistes. Créativité de nos artisans, commerçants, enseignants, agriculteurs. Créativité de nos entrepreneurs, industriels et PME, qui combinent le réflexe export et le savoir-faire made in France. Créativité qui embrasse tous les secteurs et va de la gastronomie aux technologies vertes, en passant par l'aéronautique et la médecine. Cette créativité est la vraie marque de fabrique de la France.

« Creative France » : ces deux mots sont compris dans à peu près tous les pays du monde. Ils forment la meilleure des bannières pour une France qui veut et peut se redresser, se rassembler et se projeter.
distribué par