Paris (awp/afp) - La demande mondiale de matériaux et métaux va croître d'environ 4% par an sur les 15 prochaines années, sans risques majeurs d'approvisionnement, mais les industriels devront améliorer leur productivité et anticiper les évolutions de la demande, selon une étude publiée lors du Forum mondial des matériaux (WMF) de Nancy.

L'augmentation de la population, l'urbanisation croissante et le développement des pays émergents tire la consommation de matériaux, a rappelé cette étude réalisée par le cabinet McKinsey et le BRGM pour le WMF.

"La grande question, c'est +va-t-on avoir suffisamment de ressources pour faire face à cette demande+?", a résumé à l'AFP Philippe Bideau, directeur émérite chez McKinsey.

Tout d'abord, la très forte croissance de la consommation de matériaux enregistrée entre 2003 et 2013, tirée par le boom chinois, ne devrait pas se renouveler lors de la progression d'autres régions comme l'Afrique ou l'Asie du Sud-Est, estime l'étude.

"Pour la première fois, il y a eu une synchronisation totale de toutes les matières: on a vu un manque pratiquement dans toutes les matières en même temps et donc une explosion des prix", a observé M. Bideau. "On ne s'attend pas à ce que cette dynamique revienne", a-t-il répondu.

"Par contre, les coûts d'extraction, du fait de la perte de productivité massive qu'on a connue, va faire qu'à l'occasion, on peut se retrouver dans des situations de tension sur certaines matières, et donc d'augmentation des prix", a-t-il ajouté.

"Avec peut-être une exception sur le cuivre, on ne voit pas d'aspect critique à moyen-long terme", estime pour sa part le directeur général du BRGM, Vincent Laflèche.

Sigurd Mareels, associé senior de Mc Kinsey, confirme qu'"il n'y a pas de pénurie".

L'analyste évalue la hausse de la demande mondiale en matériaux à "à peu près 4% par an" sur les 15 ans à venir, mais grâce à la substitution, aux améliorations technologiques, au recyclage, la part de la "demande primaire", issue directement de l'extraction, sera en réalité de moitié, selon M. Mareels.

"Avec 4% de demande primaire, on risquerait beaucoup plus de pénurie et de hausses de prix. Avec 2%, c'est plutôt gérable pour l'industrie", a-t-il résumé.

"Mais la qualité des réserves n'est plus là", tempère-t-il.

Taille plus réduite des gisements, teneur moindre du minerai extrait, manque d'infrastructures dans certaines régions comme l'Afrique, autant de facteurs qui ont pesé sur la productivité du secteur minier, qui a chuté "entre 4 et 7% un peu partout dans le monde" depuis le milieu des années 1990.

afp/rp