La capacité des hôpitaux étant mise à rude épreuve, les gouvernements provinciaux canadiens ont mis en place des restrictions plus strictes qu'aux États-Unis et dans de nombreux autres pays pour ralentir la propagation de la variante Omicron du coronavirus.

En conséquence, les économistes de certaines grandes banques canadiennes s'attendent à une croissance faible ou nulle du PIB au Canada au premier trimestre, alors que les estimations étaient d'environ 4 à 5 % avant l'apparition de la variante.

"Je vois beaucoup plus de risques pour les chiffres canadiens que pour les chiffres américains, simplement parce que nous observons des restrictions beaucoup plus importantes au Canada", a déclaré Doug Porter, économiste en chef chez BMO Capital Markets.

Mais les économistes disent aussi que l'activité est susceptible de rebondir rapidement lorsque les restrictions seront levées.

Les investisseurs semblent y compter. Les données du marché monétaire de lundi ont montré que les chances que la Banque du Canada annonce une hausse de taux le 26 janvier ont augmenté à près de 70 % après qu'une enquête de la banque centrale auprès des entreprises ait indiqué des pressions salariales plus élevées.

Il s'agirait d'une décision plus précoce que celle annoncée par la banque centrale canadienne et d'un démarrage plus rapide qu'aux États-Unis, où la Réserve fédérale ne devrait pas relever ses taux avant mars.

La BoC fournira pour la première fois la semaine prochaine son estimation de la croissance économique pour le trimestre en cours.

"Nous pensons que la Banque du Canada révisera à la baisse ses prévisions pour le T1 en janvier, comme nous venons de le faire, mais en termes d'impact (des fermetures) sur l'inflation, ce n'est pas aussi clair", a déclaré Josh Nye, économiste principal à la Banque Royale du Canada.

"Vous avez peut-être un peu de pression désinflationniste dans certains des secteurs de services qui vont être les plus touchés par cela, mais quand vous avez des gens qui ne peuvent pas aller travailler, cela a un impact sur l'offre."

On s'attend à ce que le système de santé canadien soit davantage mis à l'épreuve par une augmentation des cas de la nouvelle variante dans les semaines à venir.

En ce qui concerne la capacité des hôpitaux et des cliniques, seule l'Italie a été classée plus bas que le Canada parmi les pays du G7 dans l'indice mondial de sécurité sanitaire de 2021.

L'Ontario, la province la plus peuplée du Canada, a temporairement déplacé les écoles vers l'apprentissage à distance et a fermé les restaurants intérieurs, entre autres mesures, tandis que le Québec voisin a interdit les rassemblements privés et imposé un couvre-feu nocturne dans la province pour lutter contre Omicron.

Malgré tout, l'économie canadienne a le potentiel de dépasser celle des États-Unis pour l'ensemble de l'année puisque l'activité canadienne a été davantage freinée par les vagues précédentes de la pandémie ainsi que par la sécheresse et la pénurie de puces qui a ralenti la production automobile en 2021.

On s'attend à ce que l'économie canadienne ait tout juste retrouvé son pic pré-pandémique au quatrième trimestre de l'année dernière, soit deux trimestres plus tard qu'aux États-Unis.

"Il y a beaucoup de place pour que le Canada fasse du rattrapage", a déclaré M. Porter, qui prévoit une croissance de 4 % en 2022.

"Nous soupçonnons qu'après avoir traversé le désordre du premier trimestre au Canada, nous dépasserons les États-Unis pendant le reste de l'année."