par Madeline Chambers

BERLIN, 26 janvier (Reuters) - L'arrivée à sa tête de l'ancien président du Parlement européen Martin Schulz pour affronter la chancelière Angela Merkel aux élections législatives de septembre paraît revigorer le Parti social-démocrate allemand (PSD).

Mais cela ne devrait pas suffire pour lui permettre d'accéder au pouvoir, à en croire les derniers sondages.

Certes, le changement de leadership à la tête du parti avec l'installation d'un dirigeant mieux à même de tenir tête à Angela Merkel que le sortant Sigmar Gabriel, son vice-chancelier depuis 2013, a donné un coup de fouet psychologique au SPD.

D'ailleurs, selon un sondage publié mercredi, Martin Schulz bénéficie d'un taux d'approbation identique à celui de la chancelière, soit 41%.

Certes encore, une hausse des adhésions au parti a été enregistrée.

Mais le SPD, coincé en tant que partenaire minoritaire dans la grande coalition droite-gauche dirigée par Angela Merkel, est en retard de 15 points dans les sondages par rapport à la droite conservatrice des chrétiens-démocrates (CDU) d'Angela Merkel et ses associés chrétiens-sociaux bavarois (CSU).

En outre, sur une décennie, le SPD a perdu 10 millions d'électeurs. Il ne profite pas non plus de la position vulnérable dans laquelle s'est mise Angela Merkel en décidant d'ouvrir les portes de l'Allemagne aux migrants en 2015.

Le principal bénéficiaire de ce phénomène est le parti xénophobe Alternative für Deutschland (AfD) qui n'a pas attendu pour s'en prendre à Martin Schulz en le qualifiant de symbole de la bureaucratie de l'Union européenne.

"Ce sera dur pour Schulz, parce que Gabriel n'était pas le seul problème. Le parti lui-même a de gros problèmes", estime Manfred Güllner de l'institut de sondages Forsa.

L'alternative "rouge-rouge-verte" que le SPD veut promouvoir avec la gauche de Die Linke et les Verts pour faire face à la grande coalition dont il fait partie ? Elle a déjà été testée au niveau régional à Berlin et semble tentante, mais les trois partenaires semblent ne pas partis pour s'entendre.

"Il y a une grande frustration avec la grande coalition, et le fait d'avoir un nouveau candidat comme chancelier ne sert à rien sans option d'arriver au pouvoir", juge Thomas Jäger, professeur de sciences politiques à l'université de Cologne.

IDÉE DÉSAGRÉABLE

Avec en plus la concurrence de l'AfD et des libéraux du FDP, le bloc SPD-Verts-Die Linke ne semble pas à même de réunir une majorité. Pour l'instant du moins.

Un sondage Forsa lui donne 40% d'intentions de vote, contre 37% au bloc conservateur, ce qui fait que les analystes anticipent une nouvelle coalition droite-gauche, même si l'idée est désagréable à tous ceux qui y participent.

D'autant plus que les Verts, qui étaient au pouvoir pendant le mandat du chancelier SPD Gerhard Schröder de 1998 à 2005, semblent assez réservés sur Martin Schulz.

"Nous ne savons pas ce qu'il a en tête en matière de politique intérieure", a déclaré Katrin Göring-Eckardt, coprésidente Groupe d'Alliance 90-Les Verts au Bundestag.

Les Verts, qui bénéficient de 9% des intentions de vote, pourraient désormais préférer une alliance avec les conservateurs CDU-CSU.

Ce pourrait toutefois être encore plus difficile de rapprocher le SPD de Die Linke.

Die Linke est constituée d'ex-communistes de l'Allemagne de l'Est et de dissidents du SPD de l'Ouest ayant quitté le parti au moment des réformes sociales lancées par Gerhard Schröder pour se rallier à son ex-ministre des Finances Oskar Lafontaine, considéré comme un traître par de nombreux membres du SPD.

Oskar Lafontaine n'est plus aux commandes mais sa passionaria d'épouse, Sahra Wagenknecht, a repris le flambeau et est tout autant détestée par le SPD. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)