LONDRES, 1er octobre (Reuters) - La Grande-Bretagne n'attendra pas les prochaines élections législatives allemandes, en septembre 2017, pour mettre en oeuvre l'article 50 du traité européen de Lisbonne et enclencher ainsi les négociations du Brexit, déclare la Première ministre Theresa May dans une interview au Sunday Times.

Theresa May, qui s'adressera dimanche à la tribune du congrès annuel du Parti conservateur à Birmingham, exclut par ailleurs des élections législatives anticipées qui, dit-elle, provoqueraient de l'"instabilité". L'actuelle législature court jusqu'en 2020.

Elle indique aussi que son gouvernement va abroger l'European Communities Act de 1972 qui a présidé à l'adhésion au bloc communautaire européen pour, dit-elle, refaire du Royaume-Uni "un pays souverain et indépendant".

L'abrogation, précise le Sunday Times, prendra effet dès lors que la Grande-Bretagne quittera officiellement l'UE. La Cour européenne de justice n'aura dès lors plus autorité à rendre des jugements contraignants pour la Grande-Bretagne, ajoute May.

L'ancienne ministre de l'Intérieur, qui a succédé à David Cameron à la tête du gouvernement après le référendum du 23 juin, est l'objet de pressions émanant à la fois des dirigeants européens, des investisseurs et de membres de son propre Parti conservateur pour qu'elle précise dans le détail son projet de mise en oeuvre du Brexit.

Seul Londres peut lancer formellement les négociations sur les modalités du divorce en activant l'article 50 du traité de Lisbonne. Les deux parties auront dès lors deux ans au maximum pour s'entendre. Pour l'heure, May, qui ne veut pas fragiliser la position britannique en en lâchant trop, s'est contentée d'une phrase-slogan: "Brexit means Brexit" (Brexit, ça veut dire Brexit).

Dans l'interview qu'elle a accordée au Sunday Times, elle souligne que l'abrogation de l'European Communities Act "marquera la première étape du rétablissement du Royaume-Uni comme pays souverain et indépendant".

"Cela restituera le pouvoir et l'autorité aux institutions élues de notre pays. Cela signifie que l'autorité du droit de l'UE en Grande-Bretagne cessera", ajoute-t-elle.

"CLAUSE DU GRAND-PÈRE"

Par ailleurs, son ministre chargé du Brexit, David Davis, a confirmé dans un communiqué que toutes les règles et directives européennes seraient transposées en droit britannique dès le jour du Brexit avant un toilettage qui permettra de supprimer au cours des années suivantes celles qui seront jugées inutiles.

Robert Peston, rédacteur en chef du service politique de la chaîne ITV qui l'a révélé samedi soir, explique que "la raison de l'application au droit européen de cette 'clause du grand-père' est de rassurer le secteur privé, faire en sorte qu'il sache ce qui est légal et ce qui ne l'est pas en matière de production, de contrat et d'emploi".

"En d'autres termes, ajoute-t-il, quitter l'UE ne conduirait pas à la suppression instantanée de la moindre loi ou directive de l'UE."

En droit, la "clause du grand-père" est une disposition qui permet, lors de l'adoption d'une nouvelle loi, que les conditions de l'ancien cadre juridique s'appliquent à ceux qui en bénéficiaient déjà pendant un laps de temps donné afin qu'ils puissent se conformer au nouveau cadre. (Costas Pitas et Elizabeth Piper; Henri-Pierre André pour le service français)