Berne (awp/ats) - La Suisse a exporté l'an dernier pour 696,8 millions de francs suisses de matériel de guerre vers 58 pays, indique mardi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). C'est 258,2 millions (-27%) de moins qu'en 2022, année record.

Il y a deux ans, la Suisse avait exporté pour 955 millions de francs suisses vers 60 pays. A titre de comparaison, l'ensemble des exportations de marchandises depuis la Suisse a diminué d'environ 1,2% l'année passée par rapport à 2022, souligne le Seco dans un communiqué. Le matériel de guerre représente 0,18% de l'ensemble des exportations.

L'Allemagne a été le principal acquéreur de matériel de guerre helvétique l'an dernier, avec des achats pour un montant total de 168,5 millions de francs suisses. Elle a notamment acheté pour 98,1 millions de francs suisses de munitions, indique le Seco.

Berlin est suivi par le Danemark, qui a dépensé 73,6 millions de francs suisses, dont 54,6 pour des véhicules blindés à roues et leurs pièces de rechange, les Etats-Unis (54,3 millions) et l'Arabie saoudite (53,3 millions, dont 40 pour des munitions spécifiques à des systèmes de défense antiaérienne). La Roumanie (39,7 millions) complète le "Top 5" des plus gros acheteurs.

Recul de l'Asie

Il y a deux ans, le Qatar était le premier acquéreur de matériel suisse, avec des emplettes d'un montant total de 213,4 millions de francs suisses. L'émirat avait notamment acheté des systèmes de défense antiaérienne pour protéger les stades lors de la Coupe du monde de football de décembre 2022. Ses achats sont tombés à 2,4 millions l'an dernier.

Ce recul explique en partie la chute des exportations vers l'Asie, passées de 36,1% du total à 12,9%. Celles vers l'Afrique ont aussi baissé, tombant à 0,2% contre 4% l'année précédente. Dans le même temps, la part de l'Europe a bondi de 50,4% de l'ensemble à 76,1%.

Les munitions sont la catégorie d'armes les plus exportées (41,9%). Viennent ensuite les véhicules blindés et leurs composants (20,2%) et le matériel de conduite de tir et ses composants (9,2%).

Concernant les biens militaires spécifiques (tels que les systèmes de guidage d'atterrissage pour drones, les appareils de vision nocturne et d'imagerie thermique ou les équipements électroniques de brouillage), la valeur totale des autorisations délivrées selon la liste du Seco s'est élevée à 60,5 millions de francs suisses, contre 69 millions en 2022.

Au total, le Seco a reçu 2278 demandes d'exportation. Il en a accepté 2238 et en a rejeté quatre. Un an plus tôt, il avait admis 2420 demandes sur les 2625 qu'il avait reçues.

Concernant la guerre en Ukraine, le Seco rappelle que la Suisse applique le droit de la neutralité depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014. "Ce droit reste applicable pendant l'agression militaire que mène actuellement la Russie contre l'Ukraine", précise-t-il.

En vertu du principe de l'égalité de traitement inscrit dans le droit de la neutralité, Berne ne peut pas autoriser la transmission de matériel de guerre d'origine suisse à l'Ukraine tant que Kiev est impliqué dans un conflit armé international. En outre, les critères d'autorisation prévus par la législation suisse excluent la livraison de matériel de guerre à des pays impliqués dans un conflit armé international.

ats/al