BERLIN, 11 janvier (Reuters) - L'Union européenne doit récompenser les efforts de l'Italie pour combattre la crise de la dette sous peine de voir le pays tomber entre les mains de populistes anti-européens, déclare Mario Monti dans une interview parue mercredi.

Investi à la présidence du Conseil italienne il y a moins de deux mois, à la tête d'un gouvernement "technique" sans affiliation politique, Monti souligne dans cet entretien accordé au quotidien allemand Die Welt qu'il demande de gros sacrifices aux Italiens.

"Le problème est qu'en dépit de ces sacrifices, nous ne voyons pas de concessions de la part de l'UE, sous la forme par exemple de taux d'intérêt plus faibles", dit-il.

"Ma politique ne pourra pas réussir si les politiques de l'UE ne changent pas. Si cela ne se produit pas, l'Italie, qui a toujours été un pays pro-européen, pourrait tomber entre les mains de populistes."

Le successeur de Silvio Berlusconi, qui rencontre la chancelière allemande Angela Merkel ce mercredi à Berlin, cherche à obtenir une réponse concertée des pays de la zone euro face à la crise de la dette et un plan coordonné en faveur de la croissance.

La troisième économie de la zone euro est au coeur de la crise de la dette depuis que le coût de ses emprunts sur les marchés obligataires s'est envolé l'été dernier, s'approchant des niveaux qui avaient contraint l'Irlande, la Grèce et le Portugal à solliciter des plans de sauvetage.

Face à la récession prévue cette année, qui compliquera encore l'objectif de réduction de la dette publique que s'est fixé le gouvernement, Mario Monti élabore une série de mesures pour rendre l'économie du pays plus compétitive.

Mario Monti a rencontré le président français Nicolas Sarkozy la semaine dernière et une nouvelle rencontre Monti-Sarkozy-Merkel est prévue le 20 janvier, trois jours avant une réunion des ministres des Finances européens, en prélude au Conseil européen du 30 janvier.

Le président du Conseil italien répète que la coopération franco-allemande est cruciale pour faire avancer l'UE, mais que les deux pays ne peuvent tout décider seuls.

Dans son entretien, il estime que les dépassements par la France et l'Allemagne, peu après le lancement de l'euro, des limites fixées aux déficits par le traité de Maastricht constituent "la pire erreur dans l'UE de ces dix dernières années". (Annika Breidthardt; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)