NAIROBI/MOMBASA, 2 juillet (Reuters) - La police anti-émeute kényane a tiré des grenades lacrymogènes sur des manifestants réunis mardi à Nairobi pour réclamer la démission du président William Ruto, alors que le retrait d'un projet de loi de finances contesté il y a une semaine n'a pas mis fin aux violences meurtrières qui secouent le pays.

Des nuages de gaz lacrymogène ont envahi le centre-ville de Nairobi après que des manifestants ont allumé des incendies le long du principal axe routier de la capitale et jeté des pierres sur les policiers dans le quartier d'affaires.

Des manifestations ont également eu lieu dans le reste du pays, notamment dans la ville portuaire de Mombasa, aux cris de "Ruto doit partir!"

Au pouvoir depuis deux ans, William Ruto est pris en tenaille entre les exigences des bailleurs de fonds du Kenya, comme le Fonds monétaire international (FMI), qui lui demandent de réduire ses déficits, et une population aux abois, qui souffre de la flambée du coût de la vie.

Des dizaines de Kenyans ont été tués lors de manifestations et d'affrontements avec la police depuis la présentation de la loi de finances le 18 juin, la plupart d'entre eux ayant été abattus par la police mardi dernier, lorsque des manifestants ont tenté de prendre d'assaut le Parlement pour empêcher les députés de voter les fortes hausses d'impôts prévues.

Le calme n'est pas revenu depuis que William Ruto a fait marche arrière le 26 juin en retirant son projet de loi, les manifestants, sans véritable leader mais très organisés sur les réseaux sociaux, rejetant les appels au dialogue du chef de l'Etat.

"Les gens meurent dans la rue et la seule chose dont il parle, c'est d'argent. Nous ne sommes pas de l'argent. Nous sommes des êtres humains", a déclaré à Reuters Milan Waudo, qui manifestait à Mombasa.

Outre le départ de William Ruto, les manifestants réclament le licenciement des fonctionnaires corrompus, responsables selon eux de la situation financière catastrophique du pays. (Reportage d'Aaron Ross, Monicah Njeri, Jeff Kahinju et Olivia Kumwenda-Mtambo à Nairobi, Dicksy O'Biero à Mombasa; version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)