GAO, 27 janvier (Reuters) - Les habitants de Gao, la plus grande ville du Nord-Mali reprise samedi par les forces françaises et maliennes, ont dansé dans les rues dimanche au son des tambours, pour célébrer la libération de la ville.

Gao, à 950 km environ au nord-est de Bamako, est avec Tombouctou et Kidal l'une des trois grandes villes du Nord-Mali tombées sous la coupe des islamistes à la suite du coup d'Etat militaire de mars 2012 dans la capitale.

Les islamistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) avaient interdit à ses habitants d'écouter de la musique et de fumer des cigarettes, avaient imposé le voile aux femmes, et n'hésitaient pas à couper les mains des voleurs.

Des milliers d'habitants ont salué dimanche les soldats français et maliens aux cris de "Mali, Mali, France, France".

Dans la foule, beaucoup fumaient, les femmes ne portaient pas le voile, et certains hommes avaient revêtu des shorts en signe du mépris porté à la charia.

Des jeunes à mobylette arboraient les drapeaux du Mali, de la France et du Niger, dont les soldats ont permis de sécuriser la vieille ville sur le fleuve Niger.

"Nous pouvons maintenant respirer librement", a déclaré Hawa Toure, 25 ans, vêtue d'une robe africaine traditionnelle colorée, interdite sous la charia en raison de son décolleté trop osé.

"Aujourd'hui, nous sommes aussi libres que le vent. Nous remercions tous nos amis dans le monde qui nous ont aidés", a-t-elle ajouté.

Le colonel de l'armée malienne Didier Dako a proclamé la ville "libérée". "Je remercie la France et tous les pays amis d'avoir aidé le Mali", a-t-il déclaré à la foule.

Des jeunes de Gao ont néanmoins indiqué que des rebelles islamistes et leurs sympathisants se trouvaient toujours dans les environs de la ville. "Même hier, nous en avons trouvé un qui se cachait dans une maison. Nous lui avons coupé la gorge", a dit un homme sous le sceau de l'anonymat. "Aujourd'hui, nous en avons trouvé un autre et nous l'avons amené à l'armée."

Les organisations de défense des droits de l'homme ont exprimé leurs craintes de représailles sanglantes à l'encontre des Maliens du Nord, à la peau plus claire, soupçonnés d'avoir sympathisé avec les islamistes, qui comptent beaucoup de Touaregs et d'Arabes dans leurs rangs. (Cheikh Diouara, Hélène Duvigneau pour le service français)