par Sakari Suoninen

Le taux de refinancement de la BCE reste donc à un plus bas sans précédent de 1,0%, niveau qui n'a plus varié depuis le 7 mai 2009.

Le taux de facilité de dépôt demeure à 0,25% et le taux de prêt marginal à 1,75%. Là encore ces taux n'ont plus bougé depuis le 7 mai.

La totalité des 80 économistes interrogés par Reuters avaient pronostiqué un statu quo sur les taux pour le 8e mois d'affilée et ils sont une grande majorité à anticiper un maintien des taux actuels jusqu'au dernier trimestre 2010.

Jean-Claude Trichet a par ailleurs exclu une intervention de la BCE en cas de graves difficultés d'un membre de la zone euro, en prévenant qu'il n'y aurait pas de "traitement spécial".

La décision de la BCE a eu un impact limité sur les marchés mais la fermeté affichée par son président concernant les pays en difficulté a fait bondir le coût de la protection contre un risque de défaut de la Grèce sur sa dette à un niveau record.

"Le Conseil des gouverneurs estime que l'économie de la zone euro devrait croître à un rythme modéré en 2010, reconnaissant que la reprise sera probablement inégale et que les perspectives restent soumises à des incertitudes", a déclaré Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui suit traditionnellement l'annonce de la décision de la BCE.

Il anticipe à moyen terme de faibles tensions inflationnistes.

"Les dernières informations confirment que, vers la fin de l'année 2009, l'activité économique au sein de la zone euro continuait de croître", a souligné le président de la BCE. "Toutefois, certains des facteurs de soutien sont de nature temporaire."

D'après les dernières statistiques, le sentiment économique dans la zone euro s'est amélioré davantage que prévu en décembre mais le taux de chômage a dépassé 10%, les ventes au détail ont déçu et la masse monétaire M3 s'est contractée pour la première fois dans l'histoire de la zone euro.

"ABSURDE"

"Nous ne voyons pas raison de modifier notre prévision d'un maintien des taux d'intérêt de la BCE jusqu'au quatrième 2010", a commenté Howard Archer de IHS Global Insight.

Les graves difficultés budgétaires de la Grèce sont l'un des nombreux obstacles qui se dressent sur le chemin de la reprise.

La Grèce a présenté jeudi les grandes lignes de son plan d'assainissement des finances publiques, à la suite de la visite d'une délégation de la BCE et de la Commission la semaine dernière et avant la publication par l'UE d'une évaluation de son plan de stabilisation. (Plus de détails, )

Jean-Claude Trichet a qualifié d'"absurdes" les interrogations sur une possible sortie de la Grèce, ou d'un autre pays, de la zone euro.

Il a également réfuté les spéculations sur une intervention de la BCE en cas de graves difficultés d'un pays de la zone euro.

"Aucun gouvernement, aucun Etat (...) ne peut s'attendre à un traitement particulier de notre part", a-t-il prévenu. "Et encore une fois, nous savons que certains gouvernements, un gouvernement en particulier, mais pas un seul, plusieurs gouvernements ont des décisions très dures et très difficiles à prendre."

Concernant les perspectives de croissance de la zone euro, Jean-Claude Trichet a estimé que l'impact des mesures de relance pourrait conduire à une progression plus forte qu'anticipé.

"La confiance pourrait également s'améliorer davantage et l'économie mondiale, ainsi que le commerce international, pourraient se rétablir plus vigoureusement que prévu", a-t-il dit.

Parmi les risques pesant sur la croissance, il a notamment évoqué la reprise de la hausse des cours du pétrole et des matières premières, d'éventuelles pressions protectionnistes et le risque d'une volatilité sur les marchés en lien avec la correction des déséquilibres mondiaux.

Le mois dernier, la BCE avait annoncé un certain nombre de mesures visant à interrompre ou à réduire les dispositifs d'urgence en matière d'apport de liquidités aux institutions financières, comme par exemple l'arrêt des refinancements à six mois après l'opération de mars.

"Le Conseil des gouverneurs va également continuer à mettre en oeuvre le retrait graduel des mesures de liquidités exceptionnelles qui ne sont plus autant nécessaires que par le passé", a déclaré jeudi Jean-Claude Trichet.

Version française Benoit Van Overstraeten et Gwénaëlle Barzic