(Actualisé avec déclarations, contexte)

par Noah Browning

RAMALLAH, Cisjordanie, 1er janvier (Reuters) - Au lendemain de l'échec du projet de résolution de l'Onu réclamant le retrait israélien des territoires occupés d'ici 2017, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a ratifié mercredi le statut de Rome, fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), et 19 autres conventions internationales.

Son initiative, qui a suscité la colère d'Israël et des Etats-Unis, devrait permettre à la CPI d'être compétente pour les crimes commis dans les territoires palestiniens ainsi que pour les faits qui pourraient être imputés aux dirigeants palestiniens et israéliens.

Elle s'inscrit aussi dans la volonté de l'Autorité palestinienne d'"internationaliser" la recherche d'une solution au conflit alors que le processus de paix israélo-palestinien est dans une impasse.

Dans les mois qui ont précédé la tentative avortée de mardi à l'Onu, la Suède a reconnu l'Etat palestinien, tandis que les parlements français, britannique et irlandais ont adopté des résolutions demandant à leurs gouvernements de faire de même.

"Ils nous attaquent, ils attaquent notre territoire tous les jours. Auprès de qui allons-nous nous plaindre ? Le Conseil de sécurité nous a laissé tomber. Où pouvons-nous aller ?", a expliqué Mahmoud Abbas lors d'une réunion avec des dirigeants palestiniens qui était retransmise à la télévision.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi en soulignant que la CPI pourrait également poursuivre des Palestiniens pour avoir soutenu le Hamas, qu'il a qualifié de groupe terroriste.

"Nous allons prendre des mesures en réponse et défendre les soldats israéliens", a-t-il ajouté dans un communiqué.

La dernière guerre entre le Hamas palestinien et Israël remonte à l'été dernier. Elle a fait plus de 2.100 morts chez les Palestiniens et 73 morts côté israélien.

Les Etats-Unis ont fait part de leur préoccupation face à une "mesure d'escalade" qui, a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Jeff Rathke, "ne permettra de réaliser aucune des avancées que la plupart des Palestiniens espèrent depuis longtemps en tant que peuple".

"Des actions de ce genre ne sont pas la réponse", ajoute-t-il dans un communiqué.

"UN SIGNAL CLAIR"

Les dirigeants palestiniens, qui réclament l'avènement d'un Etat palestinien dans la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, mettent en avant l'échec persistant du processus de paix lancé il y a près d'un quart de siècle lors de la conférence de Madrid, en 1991, puis les accords d'Oslo, deux ans plus tard.

Les dernières négociations de paix, menée sous la médiation des Etats-Unis, ont échoué en avril dernier en raison des projets de colonies de peuplement d'Israël dans les territoires palestiniens, des termes d'un accord d'échange de prisonniers et de la décision d'Abbas de signer d'une dizaine d'accords internationaux.

"En ce qui concerne les négociations, nous jouons les gentils depuis 1991, et, pendant de temps, la possibilité d'une solution à deux Etats est en train de s'effriter", a déclaré à Reuters la diplomate palestinienne Hanane Achraoui.

Elle a précisé qu'il n'y avait pas de projet précis de la part des Palestiniens de porter plainte auprès de la CPI, mais que la décision annoncée mercredi par Mahmoud Abbas était "un signal clair à Israël et à la communauté internationale qu'Israël doit cesser ses crimes de guerre et notamment les colonies."

Parmi les autres accords entérinés par Mahmoud Abbas mercredi figurent des conventions contre les armements interdits, des textes concernant les droits politiques des femmes, la navigation ou encore l'environnement.

Les instruments de ratification des traités, qui devaient être présentés aux Nations unies mercredi, le seront à la fin de la semaine, a annoncé un conseiller juridique auprès de la mission palestinienne à l'Onu.

Le projet de résolution palestinien, qui demandait la conclusion de négociations de paix dans un délai d'un an et un retrait israélien des territoires occupés avant la fin de 2017, a été rejeté sans surprise mardi par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Huit pays seulement, dont la France, se sont prononcés en faveur d'un texte que les Etats-Unis, de même que l'Australie, ont rejeté. Même s'il avait recueilli les neuf voix nécessaires à son adoption, le vote américain aurait bloqué la procédure en vertu du droit de veto de Washington au Conseil de sécurité. (avec Dan Williams et Allyn Fisher-Ilan à Jérusalem et Louis Charbonneau aux Nations unies; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André)