(Avec communiqué du procureur)

RIO DE JANEIRO, 9 janvier (Reuters) - Le procureur général du Brésil Roberto Gurgel va examiner les déclarations d'un homme d'affaires affirmant que l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva était au courant d'un système d'achats de voix qui a conduit à la condamnation de plusieurs de ses proches conseillers pour corruption.

Les services du procureur ont, dans un communiqué mercredi, précisé qu'il analyserait les allégations de Marcos Valerio, qui accuse également l'ancien président d'avoir financièrement profité de ce système. Lula dément toute implication.

S'il considère que les allégations le méritent, Roberto Gurgel pourra mener lui-même une enquête ou transmettre le dossier à un tribunal. Le résultat de ces investigations déterminera alors s'il y a lieu de poursuivre l'ancien président, qui ne bénéficie plus de l'immunité.

Un journal, O Estado de Sao Paulo, a rapporté mercredi que Roberto Gurgel, qui a été nommé par Lula, ne souhaitait pas enquêter lui-même et comptait transmettre le dossier à une judiriction fédérale subalterne.

La fondation Lula a reproché au journal de mal informer ses lecteurs en soulignant que les autorités judiciaires n'avaient pas encore décidé d'ouvrir une enquête.

Marcos Valerio, ancien responsable des relations publiques du Parti des travailleurs au pouvoir (PT), a lui-même été condamné en octobre à quarante ans de prison.

Il affirme que Lula, président de 2003 à 2010, était au courant d'un système d'achats de votes parlementaires montés par des responsables de sa formation.

Une vingtaine de cadres du PT, parfois proches de Lula, ont été condamnés à l'automne à l'issue du plus vaste procès pour une affaire de corruption jamais organisé dans le pays.

Le scandale du "mensalao" a fragilisé la présidente Dilma Rousseff, également issue du Parti des travailleurs.

Marcos Valerio accuse notamment l'ancien président d'avoir autorisé l'octroi par les banques publiques de prêts au PT destinés à payer les pots-de-vin versés aux parlementaires.

Même si la popularité de Lula, qui n'a pas exclu de se représenter à l'élection présidentielle en 2014, reste très élevée, le procès a terni son image et ses opposants jugent que les personnalités impliquées dans le réseau étaient trop proches de l'ancien chef d'Etat pour qu'il ait pu ignorer son existence.

Parmi les condamnés, figurent José Dirceu, ancien chef de cabinet de Lula et cofondateur du PT, José Genoino, président du parti à l'époque des faits, révélés en 2005, et Delubio Soares, son trésorier. (Ana Flor et Anthony Boadle, Julien Dury, Pascal Liétout et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)