PARIS, 15 août (Reuters) - Le président libanais Michel Aoun a déclaré samedi que l'enquête sur l'explosion survenue le 4 août dans le port de Beyrouth ne pourra pas aboutir très rapidement et que l'aide internationale ira là où elle est nécessaire.

Lors d'une interview à la chaîne BFM TV, Michel Aoun a aussi indiqué que dans le cadre de l'enquête, toutes les hypothèses sur l'origine de l'explosion qui a tué 178 personnes et dévasté une partie de la capitale libanaise, restaient ouvertes.

Les Etats-Unis ont de leur côté appelé à une enquête crédible et transparente sur l'accident provoqué par plus de 2.000 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis des années dans le port.

"Bien sûr, nous avons la volonté de faire aboutir l'enquête très rapidement. Mais nous avons découvert que la situation est beaucoup plus complexe, c'est-à-dire que l'enquête ne pourra pas aboutir très rapidement comme on le souhaitais", a déclaré Michel Aoun lors d'une interview à BFM TV.

"J'ai demandé à ce que l'aide envoyée par les pays étrangers soit donnée exactement là où il y en a besoin", a encore dit le président libanais.

Premier dirigeant étranger à se rendre au Liban après l'explosion dévastatrice, Emmanuel Macron a promis le 6 août que l'aide de la France, tout en appelant de ses voeux la "refondation d'un ordre politique nouveau" dans le pays.

Après l'explosion, la France a envoyé un détachement de sauveteurs de la Sécurité civile ainsi que du matériel sanitaire et des équipes de soignants pour aider les services de secours libanais, et une équipe d'enquêteurs.

La ministre des Armées, Florence Parly, s'est rendue vendredi sur le porte-hélicoptères Tonnerre, quelques heures après l'arrivée du navire dans le port de Beyrouth, où il doit participer aux travaux de reconstruction.

Interrogé sur les interventions d'Emmanuel Macron, Michel Aoun a estimé qu'il n' voyait d'ingérence dans les affaires intérieures libanaises.

"L'explosion a pris une ampleur internationale (...) Je ne pense pas qu'il y ait ingérence dans nos affaires intérieures", a dit le président libanais sur BFM TV.

"Je dirais que tout cela provient de l'amour du président Macron pour le Liban", a ajouté le dirigeant.

Après l'explosion, face à la colère de la rue, le gouvernement a fini par démissionner.

Le président Michel Aoun a accepté cette démission et chargé le Premier ministre libanais Hassan Diab d'expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.

Lors d'une allocution télévisée, Hassan Diab a déclaré que l'explosion du 4 août était "le résultat d'une corruption endémique" et s'est dit aux côtés de ceux qui réclament que les responsables de ce "crime" soient traduits en justice. (Matthieu Protard)