par Jonathan Lynn

Les règles du commerce international autorisent la mise en oeuvre de restrictions ou l'interdiction des importations pour des raisons de sécurité sanitaire lorsqu'elles sont fondées sur des constats scientifiques.

Or l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que la grippe apparue au Mexique, où elle a fait jusqu'à 149 morts, ne peut être contractée par la consommation de porc.

"Ce n'est pas censé être une barrière injustifiée au commerce", a dit Stuart Harbinson, spécialiste de politique commerciale au cabinet juridique Winston & Strawn et ancien chef des négociations agricoles à l'Organisation mondiale du commerce.

Les autorités sanitaires ont commencé à prendre des mesures après l'apparition de la grippe au Mexique, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada ou en Europe, où des cas bénins ont été confirmés.

Six pays - Chine, Ukraine, Kazakhstan, Philippines, Thaïlande et Emirats arabes unis - ont interdit les importations de porcs et produits à base de viande depuis certaines parties des Etats-Unis, a fait savoir le bureau du Représentant américain au commerce (USTR).

INQUIÉTUDE POUR LA CONSOMMATION

"Les restrictions sur le porc américain ou les produits à base de porc résultant de la récente épidémie ne semblent pas fondées sur des éléments scientifiques et pourraient accoucher de sérieuses perturbations sans raison du commerce", a dit l'USTR dans un communiqué.

L'USTR a en outre souligné qu'il n'envisageait pas de restrictions ou d'interdiction des importations depuis le Mexique, pays le plus durement touché avec plus de 1.600 cas confirmés de grippe.

La Russie a décidé pour sa part d'interdire toutes les importations de viandes crues du Mexique, du Texas, de Californie et du Kansas. L'interdiction est étendue à huit autres Etats américains, à l'Amérique centrale et aux Caraïbes pour le porc cru.

La Chine, plus gros consommateur de porc au monde, a également interdit les importations de cochons vivants et de produits porcins du Mexique, du Texas, de Californie et du Kansas.

Certains des marchés concernés par ces mesures ne sont pas importants pour les Etats-Unis, mais la tendance enclenchée préoccupe la Fédération des exportateurs américains de viande, a expliqué le porte-parole Joe Schuele.

L'inquiétude est particulièrement grande pour le Kansas et le Texas, deux grands exportateurs de boeuf visés par l'interdiction russe, un marché majeur pour les Etats-Unis, a-t-il encore dit.

Le Mexique est quant à lui épargné pour l'instant, puisque la grande majorité de ses exportations de porc sont destinées au Japon et à la Corée du Sud, a rappelé Enrique Dominguez, président de l'association des exportateurs de porc.

Mais à Mexico comme à Washington, on redoute une baisse de la consommation davantage encore que les restrictions annoncées.

"Il ne s'agit pas seulement de politiques gouvernementales. Il s'agit des consommateurs, aux Etats-Unis et dans le monde", a insisté Nick Giordano, du conseil américain des producteurs de porc.

Avec Roberta Rampton à Washington, version française Grégory Blachier