AMMAN, 21 mars (Reuters) - Les rebelles syriens livrent des combats sans merci pour tenter de reprendre aux forces gouvernementales la mosquée Omari, point de départ, en mars 2011, des manifestations de Deraa, berceau du soulèvement contre le régime de Bachar al Assad.

Proche à la fois de la frontière jordanienne et de Damas, la ville de Deraa est un front stratégique.

Les rebelles et les troupes gouvernementales continuent de s'y affronter pour prendre définitivement le contrôle de la ville, qui reste essentiellement aux mains du régime.

Mercredi, les rebelles ont réussi à s'emparer brièvement de la mosquée Omari et se sont filmés à l'intérieur de sa cour, en mauvais état.

La brève prise de contrôle de ce lieu de culte revêt un caractère symbolique, presque deux ans jour pour jour après le début du soulèvement en Syrie et les représailles sanglantes qui ont suivi.

C'est dans la cour de la mosquée Omari que les manifestants à l'origine du soulèvement contre le régime syrien ont en effet commencé à se rassembler la première fois, le 18 mars 2011.

Leurs rassemblements ont ensuite pris de l'ampleur, au point d'inspirer de vastes manifestations anti-Assad dans plusieurs grandes villes du pays.

Face au mouvement de contestation naissant, les forces de sécurité syriennes n'avaient pas hésité à attaquer la mosquée, occupée par les manifestants et utilisée comme clinique de fortune. Au moins 31 personnes avaient été tuées entre le 23 et le 25 mars 2011.

COMBATS ACHARNES

Dans la vidéo diffusée par les rebelles, un groupe de combattants apparaît près de la pierre noire de la mosquée, examinant les monceaux de gravats et le minaret criblé de trous. Des explosions se font entendre à l'arrière-plan.

"Regardez, oh musulmans, c'est la mosquée Omari!", s'exclame l'un des combattants filmés, tandis que des dizaines d'hommes crient "Allah Akbar!" (Dieu est grand).

Certains posent leurs armes à leurs côtés et s'agenouillent pour prier.

Un porte-parole rebelle de la Brigade d'unification du Sud a indiqué que les insurgés poursuivaient leur lutte autour de la mosquée.

"Il y a de violents affrontements autour de la mosquée en ce moment, et les rebelles repoussent toutes les avances des chars depuis le point de contrôle le plus proche", a déclaré par Skype Abou Mountasser.

"Le quartier de la mosquée est le théâtre d'affrontements qui durent depuis deux semaines. Une fois que le poste de contrôle sera libéré, la mosquée et la zone qui l'entoure seront complètement aux mains des rebelles", a-t-il ajouté.

Les rebelles, qui contrôlent la plupart de la partie septentrionale et orientale du pays, tentent à présent de gagner du terrain dans la région de Deraa pour accentuer leur pression sur la capitale. (Suleiman Al-Khalidi et Erika Solomon, Hélène Duvigneau pour le service français)