PARIS, 27 août (Reuters) - Les prix agricoles resteront élevés et volatiles au cours de la prochaine décennie, prévient dans un entretien au Monde le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

La pire sécheresse depuis un demi-siècle aux Etats-Unis et de mauvaises récoltes dans la région de la mer Noire ont eu pour conséquence une hausse des cours du maïs, du blé et du soja. Le prix du riz n'a pour l'instant pas été touché.

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont déjà conseillé aux Etats de se préparer à une éventuelle poursuite de la hausse des prix alimentaires au cours des prochains mois mais ils ne prévoient pas de crise comparable à celle de 2007-2008. (voir )

"Toutes les projections de la FAO aboutissent à la conclusion que les prix agricoles vont rester élevés et connaître une grande volatilité dans les dix années à venir", dit le Brésilien José Graziano da Silva dans un entretien au Monde daté de mardi.

"Pour y faire face, nous recommandons la constitution de stocks nationaux de produits alimentaires de base", ajoute-t-il, recommandant la création, dans chaque pays, de stocks couvrant "entre une semaine et un mois" de besoins alimentaires.

La France et les Etats-Unis se sont récemment déclarés prêts à réunir le Forum de réaction rapide du G20 en cas de dégradation sur les marchés des céréales et du soja. (voir )

Paris, Washington et Mexico doivent tenir une conférence téléphonique fin août sur ce dossier au niveau de leurs hauts fonctionnaires. Ils décideront alors s'il convient de réunir ce forum.

"Nous discutons actuellement de l'opportunité de convoquer le Forum de réaction rapide", confirme le directeur de la FAO dans son entretien au Monde. "La première convocation de ce Forum ne devra pas être interprétée comme un signe d'affolement, mais comme la volonté d'assurer une meilleure coordination", ajoute-t-il.

La FAO a établi une liste de 50 pays en situation "d'insécurité alimentaire", dit José Graziano da Silva.

"Malgré l'augmentation des prix agricoles qui renchérit le coût (de l'aide alimentaire), il est extrêmement important de maintenir cette aide alimentaire, faute de quoi les pays bénéficiaires risqueraient de connaître des troubles sérieux", estime-t-il. (Chine Labbé, édité par Patrick Vignal)