par Juliette Rouillon

La montée du chômage devrait toutefois limiter la reprise du marché immobilier, notamment du marché des logements anciens, souligne l'organe principal de garantie des crédits à l'habitat.

"L'année 2009 a connu une formidable reprise d'activité", a déclaré Michel Mouillart, professeur à l'Université de Paris X Nanterre, lors d'une conférence de presse du Crédit Logement.

"2010 sera une année de reprise d'activité, mais de reprise bridée. (...) On attend au minimum 15 milliards d'euros de production supplémentaire, en dépit du chômage", a-t-il ajouté.

Après une chute de 44,5% en six mois, la production de prêts avait rebondi de 29,7% au deuxième trimestre 2009, puis de 27,4% au troisième trimestre, et encore légèrement au quatrième, un trimestre pourtant traditionnellement en net recul, a-t-il dit.

Cette forte reprise d'activité depuis le deuxième trimestre n'a pas pour autant permis d'effacer la chute brutale constatée entre septembre 2008 et avril 2009. Sur l'ensemble de l'année 2009, la production de crédits, qui s'est élevée entre 110 à 116 milliards d'euros, affiche toujours un recul de l'ordre de 20%.

De plus, la reprise du marché de l'ancien a été perturbée en 2009 par le décalage entre la réalité du marché et sa prise en compte par l'indice INSEE/notaires, qui a acté le retournement à la hausse des prix avec six mois de retard, estime-t-il.

Pour l'année qui démarre, la production de crédits à l'habitat devrait encore progresser de 13 à 14%, soit d'environ 15 milliards d'euros, a déclaré Michel Mouillard à la presse.

MARCHÉ HÉSITANT JUSQU'À L'ÉTÉ

Toutefois, le marché immobilier devrait rester hésitant jusqu'à l'été, avec un blocage persistant des opérations de reventes de logements qui devrait se prolonger tant que le chômage poursuivra sa progression, a-t-il estimé.

La reprise des volumes de transactions, portée par la faiblesse des taux et les mesures de soutien de l'Etat, pourrait même être limitée jusqu'en 2011, a estimé l'économiste, qui ne s'attend pas à des hausses sensibles des prix dans l'ancien cette année.

En ce début d'année, les taux d'emprunts restent faibles, sans resserrement de l'accès au crédit de la part des banques.

Ils s'étaient établis à 3,79% en moyenne en décembre dernier, contre 3,77% en novembre, marquant le pas après avoir reculé de 136 points de base depuis novembre 2008, "une baisse qui n'avait jamais été observée dans le passé", a-t-il noté.

Malgré des conditions de crédit jugées toujours "excellentes", la solvabilité des ménages s'est dégradée tout au long de 2009 en raison de la remontée du prix des logements depuis le printemps, du blocage du marché de la revente de logements et de l'impact de la crise sur le pouvoir d'achat.

"Cette dégradation a toutes les chances de se poursuivre, compte tenu du problème du chômage pour les primo-accédants et de la revente pour les seconds acheteurs", a déclaré Michel Mouillart, estimant que dans l'ancien, la solvabilité pourrait même tomber à des niveaux critiques dans les mois à venir.

Dans ce contexte, après avoir reculé en 2008, la durée des prêts s'est stabilisée entre 212 et 214 mois au quatrième trimestre 2009, alors que la part des primo-accédants, plus jeunes et aux revenus plus modestes, se renforçait en raison du blocage du marché ancien et du soutien du prêt à taux zéro.

Edité par Cyril Altmeyer