L'octroi par la Banque centrale européenne (BCE) de prêts à trois ans aux banques européennes n'a pas vraiment servi à soutenir l'économie réelle ou les marchés de la dette souveraine jusqu'à présent, a estimé mercredi l'agence de notation financière Fitch Ratings.

Le crédit en valeur nette diminue, car la plupart des fonds injectés par la BCE lui reviennent, sans aider l'économie réelle, a observé David Riley, directeur de la notation des Etats chez Fitch. "La question de savoir si [les prêts à long terme de la BCE] vont être recyclés dans l'achat d'emprunts d'Etat reste ouverte", a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par l'agence de notation à Francfort.

La BCE a décidé d'allouer des fonds à trois ans - la maturité la plus longue jamais proposée par la banque centrale - afin d'éviter une pénurie de liquidités pour les banques. La demande lors de sa première opération de refinancement à trois ans, qui sera suivie d'une seconde en février, a été massive. Toutefois, au lieu d'utiliser ces fonds pour accorder des crédits, les banques les mettent en réserve. Elles se servent pour cela de la facilité de dépôt à 24 heures de la BCE, avec des montants déposés qui ont franchi des records historiques ces derniers jours.

Dans la mesure où Fitch estime que la crise actuelle dans la zone euro n'est pas une crise monétaire, "il n'est pas raisonnable de s'attendre à ce que la BCE sauve l'euro toute seule", a ajouté David Riley.

Certains responsables politiques ainsi que des analystes souhaitent voir la BCE jouer un rôle plus actif dans la résolution de la crise de la dette souveraine en Europe.

David Riley s'est rallié à leur cause mercredi, en déclarant que "la BCE doit vraiment s'engager plus activement". La BCE a une "grande marge de manoeuvre pour augmenter la taille de son bilan sans déclencher de phénomène inflationniste", a estimé David Riley.

-Margit Feher, Dow Jones Newswires

(Version française Maylis Jouaret)